Safetify: aide en-ligne pour la sécurité au travail

Pratique
Par · 15/05/2014

Safetify est le nom d’une nouvelle solution de gestion des risques sur le lieu de travail. Sa particularité: proposer, en mode SaaS, des outils de travail, des informations et un accompagnement aux PME. Objectif? les informer et les guider dans les mesures à déployer pour améliorer la prévention et la sécurité au travail afin de respecter les contraintes légales en la matière.

L’idée de la solution Safetify est née dans l’esprit de Philippe Brux, patron de Modyva (centre d’étude acoustique et de mesure vibratoire) et ancien collaborateur de LMS International. Pour sa mise en oeuvre, il a fait équipe avec Addie Van Doorn, propriétaire de la société BlueLine Solutions, ainsi qu’avec deux conseillers en prévention (Judith Henneuse et Laurent Vigneron).

Safetify est la propriété de BlueLine Solutions Belgium, dont le siège est à Anvers. Mais c’est à Nivelles qu’ont été installés les bureaux.

Le développement proprement dit de la solution est l’oeuvre d’Eonix, spin-off de l’UCLouvain (site de Mons), qui assure d’ailleurs aussi l’hébergement et la gestion de la solution, en mode SaaS, sur ses serveurs.

A noter que la solution a reçu des financements trans-régionaux: Flandre et Wallonie, pour une fois, ont uni leurs moyens (primes à l’investissement et e-business, côté wallon; financement du Fonds de participation de la Participatie Maatschappij Vlaanderen, côté flamand). Sans oublier la mise de fonds des porteurs du projet et un financement d’ING.

La société a décidé de cibler en priorité les PME pour plusieurs raisons: non seulement, elles constituent une part importante du tissu économique local mais elles sont aussi les moins bien “armées” en matière de prévention et de protection du lieu de travail. Ce sont elles qui enregistrent malheureusement le plus d’accidents de travail (en ce compris ceux qui provoquent des décès – voir notre encadré). Elles sont aussi, estime Safetify, les moins bien préparées à l’application de la législation relative à la sécurité et au bien-être au travail.

“La législation est touffue, complexe (plus de 500 pages) et évolue constamment. Là où les grandes entreprises peuvent s’appuyer sur des conseillers en prévention qui ont intégré le critère sécurité dans les processus, les PME ne disposent pas toujours des compétences internes nécessaires.” Et n’ont pas les moyens de se payer les services, à demeure, d’un conseiller indépendant. “Un conseiller en prévention de niveau 1 applique un tarif pouvant aller jusqu’à 600 ou 800 euros la journée. Selon la complexité du contexte, on imagine mal une PME pouvoir investir dans ce qui équivaut parfois à un temps plein pendant un mois”, déclare Philippe Brux, l’un des initiateurs de la solution.

La solution Safetify, pour sa part, est proposée selon un tarif modulaire: 500 euros par an pour une TPE (moins de 10 personnes); 750 euros pour une solution offrant un espace de stockage plus important; 1.500 euros pour la version Pro (accès possible pour 5 personnes).

Sur site et dans le “cloud”

Safetify se compose de deux volets. Le logiciel s’installe sur un système de l’entreprise cliente mais la base de données de référence et les données de l’entreprise sont hébergées dans le cloud

Safetify est structuré en divers modules qui permettent de réaliser un inventaire des équipements, des différentes zones de travail, des produits dangereux, des tâches manuelles à effectuer, etc. Ces différentes listes et leurs éléments sont mis en corrélation avec les plans d’action à mettre en oeuvre. Les données consignées servent à la production de fiches d’informations mais aussi de rapports semi-automatisés. Le logiciel compile en effet les statistiques accident, mesures de prévention prise, plans d’actions définis et exécutés afin de limiter la charge de travail pour la production du rapport annuel de prévention.

Philippe Brux: “En matière de prévention des risques sur le lieu de travail, on constate un véritable fossé entre les PME et les grandes entreprises. Parmi les raisons: des tarifs de conseillers en prévention inaccessibles aux petites structures.”

La plate-forme sert aussi de ressource documentaire puisque les PME peuvent y trouver des documents de référence (consignes générales de sécurité, documents relatifs à la prévention incendie, analyse de risques, listes de contrôle…) et peuvent y consigner l’ensemble des actions de prévention et de sécurité qu’elles prennent, des accidents et incidents qu’elles ont eu à déplorer…

Les divers paramètres et listes de contrôle leur permettent de vérifier la conformité de leurs équipements, des différentes zones de travail, des conditions de stockage de produits dangereux, etc. La “veille” est active dans la mesure où la base de données, gérée par Blueline, est constamment réactualisée en fonction d’évolutions de la législation par exemple. Lorsque la société cliente se connecte à la plate-forme, le logiciel installé sur son propre système détecte toute modification de la base de données centrale et affiche un message en cas de nouveauté.

Chaque PME accède à la base de données et peut mettre à jour ses informations (via identifiant et mot de passe).  Ses données ne seront pas dévoilées aux autres clients – à moins qu’elle ne décide de jouer la carte de la mutualisation, par exemple à des fins d’analyse de risque. Si elle le désire, elles peut en effet autoriser un partage de certaines informations avec d’autres entreprises, dans l’objectif d’échanger expériences et bonnes pratiques.

Une aide supplémentaire

Un module permet de gérer les plans d’actions en mode projet: liste des actions, budget alloué, délais de mise en oeuvre, responsable désigné pour chaque action, liens avec les équipements et produits concernés, les devis et cahiers des charges…

Source: APS

L’analyse de risques que procure par ailleurs le logiciel s’effectue au départ de divers paramètres: équipements, zones de travail, tâches (manuelles…), produits, produits dangereux… Cette analyse peut être partagée avec celle d’autres entreprises.

Un autre module permet de gérer un accident ainsi que les tâches administratives qu’il déclenchera: déclaration des victimes, enregistrement des témoignages, téléchargement de photos, analyse d’incident par arbre des causes, génération d’une fiche “leçons apprises”, génération de la déclaration à l’assurance et du rapport circonstancié éventuel.

Avec Safetify, Michel Brux ne veut pas se positionner comme concurrent des services de prévention et autres conseillers indépendants. “Nous ne proposerons d’ailleurs pas des conseils. Si nous avons voulu lancer ce produit, somme toute généraliste, c’est pour aider à combler le fossé qui sépare les PME des grandes entreprises en matière de sécurité et de prévention des risques sur le lieu de travail. Safetify n’a d’autre ambition que de fournir aux PME un outil grâce auquel elles peuvent effectuer elles-mêmes le travail de prévention basique, à moindre coût. Sans devoir recourir systématiquement à un conseiller, trop coûteux pour elles.” Le conseiller ou le service en prévention, par contre, conservera son utilité pour des choses plus pointues ou spécifiques et pour l’apport de conseils spécialisés.

De nouveaux modules devraient à l’avenir faire leur apparition: gestion de comité CPPT (prévention et protection au travail), dans un premier temps; gestion des obligations environnementales, gestion de certifications…, à plus long terme.

Quelques chiffres

Les accidents de travail pèsent lourd sur les activités économiques et la rentabilité des entreprises. Safetify rappelle par exemple les quelques statistiques (2012) suivantes:

  • perte de 3,5 millions de jours de travail
  • coût moyen par accident, 4.500 euros (couvert par les assurances “mais répercuté sur les primes”)
  • perte sèche réelle pour l’employeur: en moyenne 15.000 euros
  • 71% des accidents mortels concernent les PME alors qu’elles ne représentent que 29% de l’emploi belge
  • coût des primes d’assurances: de 5 à 15% de la masse salariale pour les ‘cols bleus’                           [  Retour au texte  ]