Belle Productions: faire feu de tout bois

Portrait
Par · 07/02/2014

Basée à l’Axis Parc de Mont-Saint-Guibert, Belle Productions est active dans la conception et la (co-)production de jeux en-ligne, de jeux sérieux (en multiples déclinaisons: edugames, advergames…) et d’applications transmedia. Ses réalisations se retrouvent dans toute une série de contextes et d’environnements- depuis le théâtre interactif jusqu’aux tablettes, consoles de jeu, smartphones ou télévision connectée.

On lui doit des créations telles que Neurodyssée, Les Secrets d’Ombyliss et Sauvez Ada (serious games de sensibilisation, resp. à l’Europe, au problème du handicap dans la société, et à l’informatique), Le Petit Spirou (banc de montage de petits films animés pour enfants) ou des promotions transmedia (par exemple pour le film Dead man talking).

Vers une diversification

Environ 90% du chiffre d’affaires de la société repose sur la création de jeux sérieux et jeux en-ligne.

Aujourd’hui, Belle Productions veut s’appuyer sur cet existant pour investir de nouveaux créneaux ou explorer de nouvelles pistes potentiellement porteuses. Parmi elles, les jeux sérieux appliqués au secteur des soins de santé. Une nouvelle structure, qui viendra se greffer à la société, est en passe d’être créée qui fera office de pôle d’édition d’applications. Nom de baptême: VR4Smile (les lettres VR faisant référence aux techniques de réalité virtuelle). Première réalisation, devant faire ses débuts en mars de cette année: une appli de type jeu sérieux destinée aux enfants de 4 à 6 ans devant subir une opération.

Source: HospiChild

L’appli recrée par exemple la salle d’opération en réalité augmentée sur une tablette. L’originalité du concept vient du fait que ce jeu ne se joue pas en guise de préparation à l’opération mais que l’enfant pourra utiliser l’application sur sa tablette pendant l’opération. Le concept a été imaginé notamment par Jérôme Laurent, infirmier au Chirec et co-fondateur de la nouvelle entité.

En simulant l’environnement de manière réaliste, le but est “de distraire l’enfant, de le connecter intimement à l’opération pour apaiser ses craintes, lui donner prise sur ce qu’il est en train de vivre”, explique Marc Meurisse, patron de Belle Productions. “Des tests ont d’ores et déjà été effectués à l’Hôpital des Enfants Reine Fabiola et ont démontré que la simulation réduit d’environ 50% la perception de douleur, réduit quasi à néant les pleurs, améliore la perception de qualité de soins.”

Lire, pour plus de détails sur cette appli, l’interview de Jérôme Laurent, publiée sur le site HospiChild

Le prototype VR4Smile est aujourd’hui terminé. Reste maintenant à procéder à une étude clinique de plus grande envergure, à faire tester le prototype par différents studios (Home Alert, Dedicated Learning et Natural Path) et à impliquer d’autres centres de soins en vue d’une validation finale. Pour ce faire, Belle Productions sollicitera divers hôpitaux qui figurent dans son fichier de contacts, tant en Belgique qu’à l’étranger (Strasbourg, Paris, Luxembourg). “Si les tests sont probants, la commercialisation de l’appli démarrera en juin.” Cette commercialisation passera par des distributeurs spécialisés (des acteurs industriels ayant des liens avec le monde hospitalier) ou des associations (telle l’association française Sparadrap).

La première appli VR4Smile a pour but de démontrer que Belle Productions a la capacité à accélérer le processus de validation et de mise sur le marché de ce genre de réalisations destinées au secteur médical ou hospitalier. “En activant notre réseau de partenaires de tests (techniques et cliniques) et des distributeurs, il est possible de réduire les délais de mise en test d’un facteur 6 et de réduire ce trajet à deux ou trois mois. VR4Smile opérera comme partenaire “one stop do” pour accélérer le lancement des projets et espère constituer un réseau de studios indépendants.

En termes de fonctionnement, la nouvelle “structure” VR4Smile, dont Belle Productions possédera 30% du capital, opérera comme une unité d’édition et de gestionnaire d’un réseau de distribution. Les droits, eux, demeureront la propriété des studios qui font appel à elle.

Objectif: transmédia

D’autres axes d’activités devraient prendre davantage d’importance à l’avenir. Parmi eux, le transmédia, qui consiste à développer et décliner un même “produit” pour divers environnements et formats (dessin animé, film, jeu pour tablette, appli mobile…).

Un autre axe ramènera Belle Productions vers ses origines. A savoir: les jeux vidéo. Trois projets sont actuellement en cours: un dessin animé décliné immédiatement en jeu vidéo; une production de théâtre interactif pour parcs d’attraction (Halloween) et un jeu qui a pour cadre, ici encore, le monde de l’hôpital mais qui est surtout destiné à distraire: “Ô comme Hôpital”. Une histoire “délirante” d’un petit personnage qui, toute sa vie durant, tente désespérément de sortir de l’hôpital mais à qui il arrive toute une série d’aventures qui lui font “expérimenter” toutes les facettes de cet univers qui l’enferme et le retient.

Ce projet est mené par Benjamin François, directeur artistique de Belle Productions, qui, pour la circonstance, a créé une entité spécifique – baptisée Re-belle – et est encore en recherche de financement pour finaliser la maquette.

Il est encore une branche d’activités que Marc Meurisse estime encore porteuse – en dépit des messages décevants qu’on a pu entendre ces derniers temps sur le marché. Il s’agit du développement de jeux sérieux pour le secteur privé. Selon lui, il reste, dans ce registre, des entreprises et des secteurs d’activités prêts à investir dans de telles réalisations. Notamment les banques, les compagnies d’assurances, les grands industriels. A condition de présenter le projet comme un réel support de sensibilisation à une thématique, voire un support de formation du personnel. Mais l’erreur, selon lui, est d’aborder la mise en oeuvre de ce genre de jeu sérieux sous l’angle d’une création e-learning “augmentée” par du jeu. “Un pure player, tel Belle Productions, a d’autres arguments à faire valoir qu’une société qui fait essentiellement de l’e-learning. Ce genre d’acteur ne connaît que rarement les mécanismes caractéristiques du jeu et a recours à des outils [notamment les outils auteur] aux potentiels plus limités. Résultat: les clients sont déçus du résultat.”