FuturoCité: oublier le buzz, convaincre par l’exemple

Portrait
Par · 16/01/2014

Au début 2013, EuroGreen IT changeait de nom en FuturoCité et reconcentrait ses activités sur les “villes intelligentes”. Ou “l’intelligence urbaine” comme préfère l’appeler le centre. Voir notre article. Même recentré vers ce thème – lui-même pléthorique – des “smart cities”, le positionnement de FuturoCité laisse bien du pain sur la planche à ce centre d’expertise privé-public basé à Mons.

Pour “promouvoir la croissance et la relance économique via des innovations technologiques appliquées au développement de villes et communes plus intelligentes”, pas moins de 5 domaines avaient été identifiés au départ: mobilité, environnement, énergie, bâtiments intelligents, sécurité.

Depuis un an, Frank Butstraen, patron de FuturoCité, établit des contacts avec les responsables municipaux et d’autres organismes dont les activités touchent de près ou de moins près aux domaines visés.

Pour optimiser la démarche, il avait été décidé, dès le départ, de se concentrer sur le Top 40 des communes wallonnes, histoire de trouver un terrain potentiellement fertile pour la mise en oeuvre de projets donnant des résultats rapides et tangibles.

Un an plus tard, le scénario a été quelque peu “resserré”. Si les 40 principales villes et communes demeurent la cible prioritaire, la démarche se concentre essentiellement sur la thématique de l’efficience énergétique des infrastructures publiques et des outils informatiques qui peuvent la favoriser.

C’est que les temps sont durs, les budgets (municipaux) difficiles à libérer, les préoccupations souvent autres qu’une réflexion de “ville intelligente”. D’autant plus que ce concept est souvent perçu comme flou et fourre-tout, qui plus est allègrement exploité à tort et à travers par les opérateurs et acteurs de tout poil. De quoi déconcerter ou instiller de la méfiance dans le chef des décideurs locaux.

Difficile de convaincre

Parmi le “Top 40”, environ 15% des villes et communes-cibles ont été approchées ou contactées en 2013.

“La première année fut largement consacrée à baliser les nouvelles missions du centre, à garantir l’équilibre financier et à gérer la transition”, indique Frank Butstraen. “2013 a également servi à nous faire connaître. 2014 sera l’année de la création et de la mise à disposition de services – tels le cadastre énergétique – et d’activités concrètes.”

Frank Butstraen (FuturoCité): “Il faudrait se rendre compte que face aux problèmes et à la crise, les villes et communes n’ont pas 25 ans pour agir et trouver des solutions”.

Signalons au passage que le budget alloué par la Région est identique à celui libéré pour la première année, soit 350.000 euros.

A ce jour, FuturoCité n’a pas encore de réalisation concrète à se mettre sous la dent. Notamment pour les raisons évoquées ci-dessous mais aussi en raison de ce qui peut être perçu comme un manque de volontarisme, d’impulsion venant de la Région, ou encore une démarche de mutualisation qui est encore loin d’être un réflexe.

Et pourtant, estime Frank Butstraen, il est possible de trouver, du côté des villes et communes, des similarités dans les problématiques auxquelles elles sont confrontées. De quoi initier bonnes pratiques et mise en commun des moyens et des solutions. Encore faudrait-il changer les mentalités. “Il faudrait pourtant se rendre compte que face aux problèmes et à la crise, les villes et communes n’ont pas 25 ans pour agir et trouver des solutions”, s’inquiète Frank Butstraen.

Procéder par petits pas

Pour obtenir des résultats tangibles et déclencher de premiers projets, FuturoCité a donc décidé de choisir ses arguments. Il s’agira surtout, dans un premier temps, de proposer un outil de cadastre et d’optimisation énergétique des bâtiments publics.

Quelques projets se dessinent d’ailleurs. Ainsi Ottignies-Louvain-la-Neuve a-t-elle décidé de confier à FuturoCité une mission de consultance en la matière, sur base de l’inventaire des bâtiments publics qu’elle a préalablement effectué.

La mission de consultance se déroule en deux phases. Tout d’abord, pendant 3 mois, la récolte de tous les éléments permettant de constituer le cadastre énergétique (1). Avec un exercice de normalisation des chiffres, selon le contexte, l’état des bâtiments, l’utilisation qui en est faite, les scénarios d’occupation des lieux…

S’en suivent une analyse et l’identification des priorités et la présentation du rapport aux responsables locaux. Avec, à la clé, des conseils précis: projets de rationalisation ou d’amélioration, changement d’affectation du bâtiment, proposition de solutions d’ordre organisationnel ou technologique… A plus long terme, l’outil d’analyse permet de vérifier si les changements ont été effectués et les conseils suivis.

FuturoCité se charge aussi de l’information et de la formation des responsables Energie des communes: exposé des méthodes d’évaluation des performances énergétiques, apprentissage des critères de sélection des paramètres à retenir, formation à l’outil d’encodage, à l’exploitation du tableau de synthèse… Son intervention va jusqu’à l’installation des solutions de surveillance de consommation.

Pour mener à bien cette mission de consultance et d’analyse, FuturoCité sera épaulé, pour la réalisation du cadastre énergétique, par deux étudiants de la HELHa-Haute Ecole Louvain en Hainaut (diplômés en informatique): l’un se chargera du volet base de données/outil d’analyse et de reporting; l’autre, du travail d’optimisation de la consommation énergétique des bâtiments ciblés.

Après Ottignies-Louvain-la-Neuve, d’autres entités pourraient suivre à brève échéance. Une proposition est sur la table des édiles d’Andenne tandis que Verviers serait intéressée (mais doit encore procéder à l’inventaire de ses bâtiments).

Cadastre énergétique d’abord

D’autres thèmes, qui figurent dans le catalogue de FuturoCité, pourraient apparaître comme porteurs – on pense par exemple à la mobilité ou à la sécurité – mais ils ne semblent pas encore avoir trouvé d’écho lors des contacts établis à ce jour. Sans doute parce qu’ils sont, en soi, trop vastes pour autoriser un démarchage structuré et efficace de la part de FuturoCité. Du moins dans l’état actuel des choses. L’effectif est encore très réduit et ne saurait faire face à un “portefeuille” de concepts aussi large. A moins que la demande de projets Mobilité n’émane de manière spontanée, concrète et précise de l’une ou l’autre ville ou commune…

“Le problème, lorsque l’on parle de “ville intelligente”, c’est qu’on définit mal le problème. Il faut pouvoir le moduler, être concret. Il n’est pas possible de créer des services ab nihilo.”

Ne pas agir seul

L’équipe étant réduite, FuturoCité compte sur quelques partenariats et relais pour son travail d’évangélisation et de conviction des administrations communales. Des contacts ont ainsi été noués avec Belfius qui pourrait voir dans son intérêt de s’allier avec un acteur ayant certaines compétences spécifiques.

Par ailleurs, NRB s’apprête à devenir partenaire du centre (au même titre que les partenaires existants que sont IBM, Cisco, Mobistar et Microsoft). Il pourrait, lui aussi, être un relais utile pour FuturoCité, compte tenu de son positionnement commercial et de son implantation géographique.

(1) En s’aidant d’une solution logicielle développée par IBM, FuturoCité procède à l’élaboration détaillée d’un cadastre énergétique des bâtiments publics: consommation énergétique en chauffage, climatisation, éclairage, électricité, eau chaude sanitaire… Avec comme priorité, la rationalisation des dépenses – et déperditions – en chauffage qui représente généralement 70% de la facture énergétique globale. Or, l’expérience démontre que la “simple” identification des scénarios de consommation, des anomalies et comportements inadaptés permet de réduire de 10 à 15% la facture énergétique? Non négligeable, surtout en période de contraintes budgétaires et de poursuite de la flambée des prix de l’énergie, argumente FuturoCité.  [ Retour au texte ]