Vers une initiative collective Big Data en Wallonie?

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Par · 17/12/2013

Elle n’existe encore que dans l’esprit – et la volonté – de certains. Elle devrait se formaliser – si tout va bien – d’ici la fin du premier trimestre 2014.

“Elle”, c’est une plate-forme d’innovation dédiée au “big data”, sorte de grappe aux finalités plus pratiques et proactives que les clusters classiques qui ont surtout pour mission de faire de la veille, de la recherche de synergies et d’opportunités (technologiques et/ou commerciales).

Objectif: constituer une source mutualisée de compétences et ressources, mise au service des entreprises wallonnes, grandes ou petites, afin de répondre à leurs besoins de solutions et de services en matière de big data.

La demande doit s’exprimer

Cette éventuelle future plate-forme d’innovation (PFI) (1) wallonne dédiée au big data a été expliquée aux acteurs locaux – tant les utilisateurs finaux que les fournisseurs et prestataires – la semaine dernière. A la manoeuvre: l’Infopole Cluster TIC, le CETIC et l’AWT. Le Ministre Jean-Claude Marcourt, “parrain” de cette initiative, était venu expliquer en quoi le big data pouvait être une opportunité, non seulement pour l’économie wallonne mais aussi pour les acteurs IT qui en feraient une expertise ou une valeur ajoutée. Il était également venu expliquer pourquoi la genèse de cette “plate-forme” devait débuter par “un exercice de réflexion collective”, auquel les participants de la matinée mais aussi d’autres acteurs non présents étaient conviés.

“La réflexion se doit d’être bottom up, impliquant l’Infopole, le CETIC, l’AWT mais aussi les Pôles de compétitivité, parce qu’il est indispensable de mener une réflexion sur l’augmentation des volumes de données, sur les opportunités et les risques économiques qu’elle implique. Il y a là un avantage potentiel pour la Région et un potentiel important pour les opérateurs. Pour les Pôles de compétitivité et pour l’industrie, le big data est un élément essentiel en termes de création d’emplois mais aussi de la création de valeur ajoutée.”

La séance d’information de la semaine dernière a par ailleurs fait office de test. Pour que l’idée de la constitution d’une PFI soit acceptée en tant que telle, il fallait en effet apporter la preuve aux responsables des Pôles de compétitivité que le thème et les enjeux parvenaient à mobiliser les acteurs de terrain. Essentiellement du côté de la demande. “Il fallait à la fois prouver l’intérêt et identifier les acteurs qui “font” du big data [Ndlr: ou, tout au moins, dont les solutions et services peuvent jouer un rôle en la matière] et ceux qui sont demandeurs de solutions”, explique Damien Hubaux, patron du CETIC. La démonstration semble en avoir été faite, avec quelque 150 personnes présentes et des exposés de quelques-uns des destinataires de futures solutions venus des secteurs de la logistique, de l’aéronautique, du médical ou encore du pharma.

Quelle forme pour cette plate-forme?

Le modèle opérationnel et le business plan devant encore être définis et les rouages négociés entre les diverses parties prenantes, il est difficile de prévoir la forme que prendra cette “plate-forme”.

Le voeu en tout cas est de voir se constituer une structure opérationnelle “à laquelle les demandeurs pourraient exposer leurs besoins” et, en retour, grâce à laquelle “les fournisseurs disposent d’un point d’entrée commun leur permettant d’atteindre un panel de secteurs”. Histoire, en d’autres termes, d’identifier de nouveaux débouchés pour leurs solutions.

Damien Hubaux (CETIC): “La plate-forme est destinée à devenir un outil de fédération des ressources et d’agrégation des offres.”

La structure, telle qu’imaginée, sera “ouverte à tous” et a pour ambition de mettre en oeuvre les ressources et compétences des Pôles de compétitivité “afin d’accélérer la mise sur le marché de nouveaux produits, procédés ou services innovants au service des entreprises.”

La plate-forme pourrait impliquer un “noyau dur” d’adhérents avec, par contre, une série de fournisseurs et prestataires intervenant de manière plus ponctuelle, selon les besoins.

Damien Hubaux (CETIC): “Eviter de réinventer la roue à chaque nouveau projet [big data] et profiter d’acquis permettant de répondre à des familles de besoins.”Toujours selon les grandes lignes exposées lors de la séance d’information, elle devrait en outre respecter un certain nombre de critères de fonctionnement: esprit d’ouverture à la participation de tous, recherche de technologies émergentes voire “de rupture”, équilibre d’exploitation démontrable.

Prochaine étapes? Définition du cadre opérationnel et du business plan d’ici janvier 2014.

Passage devant les jurys des Pôles de Compétitivité dont l’avis sera déterminant pour la suite. Lancement espéré avant la fin du premier trimestre 2014 pour une mise en oeuvre qui lui permette d’être active dans la perspective des futurs appels à projets à lancer par les Pôles.

L’Infopole Cluster TIC et le CETIC devraient être les pilotes de la plate-forme. Le premier fera office d’animateur et de coordinateur, jouant notamment les relais vers les Pôles de compétitivité.

Telle que sa mission a été redéfinie récemment (voir notre article), l’un des rôles de l’Infopole consiste en effet à favoriser la participation des acteurs IT locaux à des appels à projets lancés par les Pôles et à mieux cerner les besoins et contraintes des donneurs d’ordre. La future plate-forme sera donc un “outil” au service de ce rôle.

Le CETIC, pour sa part, agira davantage comme centre d’expertise et de compétences et comme passerelle vers les centres de recherche universitaires.

Les inconnues

Tout – ou presque – reste à définir et préciser: les moyens financiers, le mode de financement, les mécanismes de collaboration et de contribution des différents acteurs, la manière de ne pas voir les petits acteurs IT locaux minorisés ou écrasés par quelques poids lourds (NRB, Alcatel, Trasys…), le catalogue de services, la teneur exacte de la mutualisation des ressources… C’est à cela que s’attelleront dans les prochaines semaines l’Infopole, le CETIC et NRB, qui remettront leur copie opérationnelle en janvier.

(1) Les “PFI” sont un concept nouveau dans le ciel wallon. Elles se définissent comme des “projets d’infrastructures collectives visant à combler une lacune pour le développement” d’une thématique déterminée. Une PFI a par exemple vu le jour au sein du Pôle de compétitivité MecaTech sur le thème du biomimétisme moléculaire.

Parmi les conditions à remplir par une PFI: “s’inscrire dans le cadre des objectifs stratégiques et technologiques du pôle, viser à la mutualisation, n’exclure aucun acteur du pôle, être apte à favoriser les synergies inter-pôles ainsi qu’une ouverture européenne et internationale, être dotée d’une structure juridique (s.a., asbl ou GIE).  [ Retour au texte ]