Tous accros au conventionnel ?

Hors-cadre
Par · 19/11/2013

Ne pas se laisser emprisonner dans des cases conventionnelles. Source: Crystalinks.com

Vous êtes-vous jamais rendu compte à quel point il est facile de passer de l’idée de convention au chausse-trappe du conventionnel?

La convention a quelque chose de positif puisqu’il s’agit d’un “accord (ou d’un écrit définissant les termes de l’accord) entre personnes ou groupes sociaux.”

Le conventionnel, soudain, prend des teintes passéistes: “sans originalité”, assène le dictionnaire !

Etonnant, en effet, de se rendre compte à quel point nous pouvons fonctionner selon des conventions, nous mettre d’emblée des bâtons dans les roues, nous enfermer nous-mêmes dans des schémas de pensée classique, qui nous empêchent de voir le petit sentier – certes souvent tortueux et masqué – qui nous permettrait de contourner l’obstacle.

Un porteur de (possible) projet rencontré cette semaine, au détour d’une activité de la Semaine de la Créativité, en apportait un exemple flagrant.

Le problème que pourrait résoudre un projet auquel il a tenté de donner forme, sans y arriver jusqu’ici, se situe à la frange de ce qu’on appelle l’e-gouvernement. Entre e-“gouvernance” et “e-citoyenneté”.

Mais voilà l’approche reste hyper-classique, “convenue”. Avec des réflexions du genre: “ça marche pas”, “ils ne sont pas coopératifs”, “on n’a pas le temps”, “on n’a aucune garantie de rentabilisation du projet…”

La solution est ailleurs

Pour résoudre ou tenter de résoudre un manque d’efficacité connu, ancré dans les habitudes et les conventions, il est utile – sinon indispensable – d’imaginer des approches inédites. Sinon, après tout, le problème aurait sans doute déjà été résolu, non?

Certes, l’approche inédite ne fera pas disparaître les obstacles. Ils seront toujours là: qui cela pourrait-il intéresser? comment “monnayer” le service? qui s’engagera à travailler à plein temps sur un projet dans ces conditions? comment garantir une stabilité du projet en constituant une équipe suffisamment nombreuse? etc. Autant de remarques certes logiques mais qui ne trouvent évidemment pas de réponse immédiate, classique ou évidente.

Là où ce possible porteur de projet, bien près de se laisser – déjà – au découragement, se fourvoie, c’est dans son cadre de réflexion. Pourquoi penser équipe à plein temps, cherchant une rémunération stable et bien balisée dès le départ? Est-ce comme cela que le secteur informatique a hérité de toutes ces fonctionnalités open source, cachées ou non, qu’on utilise souvent sans trop le savoir? Est-ce comme cela que surgissent les projets innovants, que naissent les “start-ups”?

Il faut savoir “sortir du cadre” – penser “out of the box” comme disent les Anglo-Saxons. Penser de manière décalée pour se ménager une vision différente des choses, des problématiques, mais – surtout – des solutions.

Petit exemple cité par Louis-Etienne Dubois lors de la Semaine de la Créativité: une réflexion d’un enfant d’à peine 10 ans qui a littéralement “scotché” ce doctorant de la HEC Montréal qui croyait pourtant avoir fait le tour d’un test. Ce test consiste à demander aux gens de penser, en un minimum de temps, à un maximum de manières qui permettraient de… faire chuter un oeuf frais de 10 étages sans qu’il se casse à l’arrivée. L’idée est de montrer aux gens qu’ils pensent souvent en méthodes convenues, classiques (des méthodes pour ralentir la chute, pour protéger l’oeuf lui-même ou adoucir la surface de réception, etc.). Aucune, évidemment, ne garantira le résultat. Qu’a répondu spontanément l’enfant? Si on se place au 11ème étage, l’oeuf chutera de 10 sans se casser…

Certes, un étage plus bas, le résultat est inéluctable. Mais l’intérêt de cette réflexion est bel et bien dans l’imagination d’une perspective nouvelle.