Web Summit Dublin: vitrine internationale pour start-ups belges

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Par · 15/11/2013

L’une des premières impressions que dégagent nombre de participants du récent Web Summit de Dublin est… la foule, l’abondance. Impossible d’en faire le tour, de tout voir. Avec plus de 900 start-ups présentes, venues des quatre coins du monde et pas seulement d’Europe, et plus de 10.000 participants, il était somme toute un peu trop aisé de disparaître dans le lot.

“Heureusement”, comme le souligne Guy Bouckaert, d’iLoooveIt, “il y avait quelques séances de speed-dating avec les investisseurs intéressés”.

La profusion a, pour certains, créé des problèmes de sélection: “Pour nous, il était difficile de trouver du temps pour assister aux keynotes et autres speechs qui parlaient de l’avenir de l’IT, tant on a toujours l’impression qu’on peut rencontrer des gens intéressants”, souligne par exemple Christophe Fruytier de TUZZit.

Les pitch de 5 minutes sont souvent considérés comme intéressants (bien évidemment) mais aux résultats souvent décevants: bonne chance pour y laisser une empreinte valable, dans le bruit de la foule et devant un parterre de participants aux profils parfois aléatoires.

Visiteurs ou exposants?

Les participants belges du Web Summit se classaient en deux catégories: les “simples” visiteurs – qui avaient toutefois pu prévoir des rencontres et du speed dating – et ceux qui avaient été sélectionnés par les organisateurs en raison de l’intérêt de leur projet et s’étaient ainsi vu octroyer un stand.

TUZZit était du nombre (voir en encadré la liste complète des start-ups sélectionnées comme exposants). Avec une petite désillusion dès l’arrivée à Dublin: “vu le nombre de start-ups sur place, notre espace était assez réduit.”

Pour ne pas (trop) passer inaperçu, il fallait donc créer du buzz et pas se contenter de faire tapisserie. Solution trouvée par TUZZit – digne représentent de la Belgique à cet égard? “Nous avons abordé le problème de façon créative! Nous avons décidé de nous faire remarquer positivement en faisant ressortir un de nos atouts: l’image positive de la Belgique (et de ses produits). Nous avons donc acheté plus de 20 kg de chocolat et bières de notre beau pays pour rendre notre stand incontournable. Une preuve que ça a marché, un blog a parlé de notre stand comme l’un des plus remarquables du salon). Cela a très bien marché, car les visiteurs, investisseurs et médias ne pouvaient pas refuser un petit chocolat accompagné d’une présentation de TUZZit.”

Les sélectionnés belges

Par ordre alphabétique

Apprentus: recherche de cours particuliers

AproPLAN: méthode de travail pour projets de constructions

CheqRoom: gestion d’inventaires via codes QR

Endare: gestion de réunions plus éco-responsables

EasApp: appli mobile pour gestion des relations entre assureurs et assurés

Famest: socio-tagging pour shopping sur réseaux sociaux

iLoooveIt: réseau social pour passionné de grimpe (en attendant d’autres passions à “socialiser”)

PiggyBee: réseau de livraison participative

Relike TV: transformation d’activités vidéo privées en télévision sociale pour réseau d’amis et de fans

Swipefeed: filtrage de tweets selon des préférences et critères personnels

Take Eat Easy: portail de livraison de plats à emporter

Tevizz: résumé automatique de posts et commentaires sur médias sociaux

TUZZit: gestion collaborative de projets et idées en-ligne

UXprobe: analyse de l’expérience utilisateur

Viepage: interconnexion de tous ses comptes Internet et agenda

Deux sociétés ont par ailleurs participé au programme Start Global, réservé aux start-ups ayant déjà une assise à l’international. Il s’agissait en l’occurrence de DialogFeed (intégration des médias sociaux dans des sites Internet ou écrans divers) et Engagor (gestion centralisée de ses présences sociales).

Bénéficier d’un stand constitue toutefois un plus non négligeable. David Hachez de GetSmily qui était venu en simple participant en est bien conscient. A ses yeux, la sélection que font les organisateurs, en attribuant un stand à ceux qui passent par le filtre de l’interview préalable (d’abord un pitch lors d’un “Pub Summit” national et ensuite une interview via Skype pour présenter et défendre son projet), est une “aide intéressante pour des start-ups qui n’ont par exemple pas encore décroché de financement, et pour lesquelles ce stand est une belle carte de visite, l’occasion de présenter leur projet. Nous envisagerons sans doute de le faire en 2014…”

Ouverture à l’international

Quels avantages une start-up, voire un simple projet non encore coulé dans la moindre structure juridique, peut-il espérer retirer d’une participation à un événement tel le Web Summit qui s’est récemment déroulé à Dublin?

Pour Guy Bouckaert, d’iLoooveIt, il s’agissait surtout d’obtenir de la visibilité auprès d’investisseurs internationaux potentiels pour entamer des discussions pour 2014.

Trouver une audience – ou ne serait-ce qu’un début d’intérêt – à l’international est bien évidemment une constante. “Ce salon”, indique par exemple Christophe Fruytier de TUZZit, “nous a permis de montrer notre application collaborative à de nombreux investisseurs et utilisateurs faisant partie de notre coeur de cible sur la scène internationale. Tous ces contacts à travers le monde se sont montrés très intéressés par TUZZit. En particulier, les accélérateurs et incubateurs nous ont vraiment fait preuve d’un très grand intérêt.”

Pour David Hachez, de GetSmily, l’objectif était surtout de “prendre la température de la scène européenne, voire internationale, de voir comment nous pourrions nous insérer dans le bouillon de culture des start-ups.”

Ce qu’il en a retiré? Des contacts intéressants, pas excessivement nombreux mais qualitatifs, potentiellement tangibles (mais il faudra évidemment les cultiver et consolider à l’avenir), non seulement avec des clients et des investisseurs potentiels, mais aussi avec d’autres start-ups. Qui en sont à des stades plus ou moins avancés.

Cette confrontation à d’autres start-ups était aussi l’occasion de s’ouvrir à d’autres idées. “Nous en sommes encore au stade du proof of concept. Nous sommes donc ouverts à toute idée qui pourrait nous ouvrir des pistes, qui pourrait identifier un marché qui soit le plus réceptif au concept fonctionnel que nous mettons en œuvre.”

Jusqu’ici le scénario imaginé pour le déploiement de la solution GetSmily (reconnaissance faciale d’émotions lors d’interactions sur Internet) est celui d’agences de communication, de la conception de sites ou encore celui des marques et des entreprises en général. Un premier début de cible tangible identifié est elui des “agences de conversion”, telles Converteo qui a intégré son programme de tests.

Guy Bouckaert (iLoooveIt): “il est beaucoup trop tôt pour tirer des conclusions mais nous ne regrettons certainement pas notre participation car elle nous a permis d’apprendre et de progresser dans notre réflexion et dans notre positionnement.”

A Dublin, la jeune pousse est entrée en contact avec une autre start-up, venue d’Asie, qui pourrait utiliser son concept dans le secteur de… l’e-learning.

Autre start-up rencontrée : une équipe qui s’est constituée, au départ, à l’Université de Copenhague et qui exploite le principe du eye tracking. “Ce genre de contact est valorisant pour nous”, souligne David Hachez.

Les rencontres entre start-ups sont aussi, aux yeux de Guy Bouckaert, l’un des points positifs majeurs ramenés dans les bagages: “des discussions potentielles de synergie ont été entamées.”

A refaire? A imiter?

Les participants interrogés semblent dans l’ensemble avoir retiré des choses positives de leur participation. Avec quelques petits conseils à la clé – pour d’autres start-ups attirées par cette expérience ou pour eux-mêmes s’ils désirent revenir l’an prochain…

Christophe Fruytier: “L’expérience et les contacts qu’on reprend de ce type d’événement dépend entièrement de la motivation qu’on a sur place! Il faut saisir sa chance et faire parler de soi, plutôt que de rester sur son stand et d’attendre que les participants lisent la description de la start-up passivement. Pour cela, nous tenons a souligner que toutes les autres start-ups belges l’avait également bien compris.”

L’embarras du choix…                        Source: eu-Startups.com

“Pour les entrepreneurs du Web, Dublin est un endroit assez incroyable. C’est aussi l’occasion d’y rencontrer des stars du Web, tels Robert Scoble ou le fondateur de Dropbox [Drew Houston]…”, souligne David Hachez.

Un Robert Scoble que TUZZit a également eu l’occasion de rencontrer, en tête-à-tête. “Nous avons eu une rencontre privilégiée de 25 minutes avec Robert Scoble, l’un des journalistes tech les plus influents dans le monde, le premier jour du salon. Ce bloggeur et auteur américain est suivi par plus de 4,5 millions de personnes. C’était d’ailleurs un des speakers les plus attendus du salon. Nous avons vraiment eu le temps de présenter notre plate-forme de collaboration à cet expert reconnu, et de récolter ses feedbacks.” Avec à la clé une mention sur son blog . Exposition internationale garantie.

David Hachez est revenu de Dublin avec un autre sentiment plus mitigé: “Nous avons été surpris par un manque relatif de créativité. Mais nous n’en avons certes vu qu’une petite partie… La raison, sans doute, est qu’on y trouve surtout des start-ups qui ont déjà atteint un certain niveau de maturité – elles ont entre deux et cinq ans, ont toutes souvent déjà décroché des investissements non négligeables. Au minimum quelque chose comme 700.000 euros.” Ce ne sont donc plus des jeunettes. Le côté débridé, casse-la-baraque des premiers temps s’est peut-être déjà estompé. Du moins chez certaines.

C’est du belge et ça doit se faire savoir

Le dernier mot à Christophe Fruytier: “Une chose que nous avons vraiment appréciée, c’est la communauté des start-ups belges sur place. C’était vraiment enrichissant de rencontrer d’autres entrepreneurs passionnés de notre pays. C’est dans ce type d’événement qu’on se rend compte du potentiel d’innovation et de créativité dans le secteur de l’IT. Nous gardons de bons contacts avec toutes les start-ups, et nous invitons vraiment tous vos lecteurs et tous nos contacts en Belgique et à l’étranger à se renseigner sur leurs produits/solutions/apps innovantes! Nous sommes persuadés que les start-ups belges qui étaient sur place iront loin.”