Tapptic: l’Internet des Objets n’attendra pas

Pratique
Par · 25/10/2013

Même si le phénomène de l’Internet des Objets n’en est encore qu’à ses balbutiements- ou d’ailleurs parce qu’il n’en est encore qu’à ce stade-, la société bruxelloise Tapptic a décidé de s’y intéresser de plus près. Un petit département de trois personnes a ainsi été constitué, qui peut en outre s’appuyer sur l’expertise d’autres collaborateurs qui ont déjà planché sur un projet un rien similaire, réalisé pour le compte d’un client.

Tapptic, conceptrice de solutions et applis pour tablettes et smartphones (sans oublier les télévisions connectées et autres consoles), ajoute ainsi une flèche à son arc. Sans quitter pour autant le monde des applis et du mobile puisque smartphones et tablettes sont probablement appelés à devenir les “hubs”, les systèmes de pilotage et de gestion intégrée de cette myriade d’“objets intelligents” qui émailleront bientôt notre quotidien. C’est en tout cas la conviction de Christophe Châtillon, fondateur et “évangéliste technologique” de Tapptic.

Une chose à la fois

Pour Tapptic, la première rencontre avec l’“Internet of Things” (que Christophe Châtillon préfère traduire par Internet des Choses, plus universel que l’expression Internet des Objets) a pris la forme d’une… voiture. Voir encadré.

“Pouvoir ouvrir la portière d’une voiture est un premier exemple, un premier pas vers l’Internet des choses. Ce concept ouvre un monde de possibilités dont nous ne percevons pas encore la portée. En la matière, on se trouve aujourd’hui au point où en était l’Internet voici 10 ou 15 ans”, déclare Christophe Châtillon.

Tapptic a donc décidé de se positionner et d’acquérir de l’expérience le plus tôt possible. “Nous avons investi des sommes assez dérisoires dans toute une série de composants: détecteurs et gadgets en tous genres, kits, cartes Arduino, “nano-hub” Raspberry… Notre volonté est de concevoir des applis qui se connecteront à ces objets”.

Trois axes

Parce que le domaine est encore neuf “et qu’on ne peut prévoir la manière dont les choses évolueront”, Tapptic compte explorer diverses pistes. La société envisage trois types d’activités:

  • la réalisation de systèmes fermés, quasi-propriétaires (même si un début d’ouverture et de standardisation se pointe déjà; des solutions telle celle mise au point pour d’Ieteren
  • des systèmes ouverts, qui s’appuieront par exemple sur le concept Arduino, et serviront de démo et de proof-of-concept
  • dans un second temps, des solutions de type smart metering, tous scénarios confondus, qui viendront directement concurrencer des systèmes industriels encore traditionnels, lourds à concevoir et implémenter

“Nous voyons tout un champ d’applications, inspirées du domaine de la domotique mais applicables au monde professionnel.” Par exemple pour gérer et contrôler les consommations énergétiques des espaces de bureau. Tout étant surveillé, piloté via appli, à l’aide d’une micro-infrastructure “qui exige peu d’investissements- détecteurs de luminosité, de température, d’hygrométrie, accéléromètres, connecteur Arduino, dispatcher de flux Raspberry…”

“Nous en sommes actuellement au stade de la veille, de l’analyse des besoins et des possibilités, afin de comprendre les usages et les demandes, que ce soit en B2B ou en B2C. Il s’agit de croiser cette veille, ces demandes, avec les potentiels technologiques- en termes de communications, d’OS, d’interfaçage…”

En Belgique, la demande, estime Christophe Châtillon, n’est encore que latente. “Elle émanera sans doute tout d’abord du B2B. Les montres intelligentes ne sont qu’une première génération. Il faudra encore aussi standardiser. Je compare la situation aux toute premières heures d’Internet lorsque seuls une poignée d’utilisateurs faisaient de l’e-mail. L’Amazon de l’Internet of Things, pour le grand public, mettra sans doute encore 2 ou 3 ans avant d’émerger…”

Même si certains projets se profilent, encore balbutiants et purement explorateurs. Par exemple du côté du “quantified self” (le patient qui enregistre lui-même ses constantes et données santé) qui retient l’attention de certains acteurs du secteur médical ou péri-médical (assurances, mutualités…).

Pensez autrement

Pour l’heure donc, l’objectif de Tapptic est de mieux comprendre les enjeux, potentiels et contraintes de ce monde nouveau. En ce compris la problématique de la consommation et de l’autonomie de toutes ces “choses intelligentes”- faudra-t-il, demain, recharger chaque jour ses chaussures intelligentes parce qu’elles deviennent des métronomes de nos déplacements et des capteurs de veille-santé?

Christophe Châtillon: “Notre rôle n’est pas de vendre du matériel mais de faire en sorte que ce matériel ne reste pas dans les tiroirs.”

“Déjà, une boutique d’applis Arduino émerge. Elle permettra de multiplier les usages. la vraie question est de savoir comment mettre ces applis en pratique. On va sans doute encore inventer de nouveaux objets mais le plus important est de connecter ceux qui existent déjà et de trouver de nouvelles applis et de nouveaux concepts.”

De nouveaux modèles, de nouvelles technologies s’imposent. Une approche à la fois plus pragmatique et plus originale du rôle conféré aux objets sera sans doute nécessaire.

Petit exemple cité par Christophe Châtillon: “on parle depuis des années de frigo intelligent qui dictera vos courses en fonction de l’épuisement de ce qui s’y trouve. Peut-être faudrait-il plutôt penser “poubelle intelligente”, avec lecteur de code-barre incorporé…

 

 

Keyzee: conduire sans clé

Le projet initial, baptisé MyMove, avait choisi comme fil rouge la voiture partagée mais sous un angle nouveau. A savoir: l’optimisation des temps d’utilisation des voitures de société qui, pour certaines, restent sagement sur leur place de parking pendant de longues heures. L’idée était donc de diminuer le nombre de véhicules et d’avoir, par la bande, un impact positif sur les bouchons et la pollution urbaine.

Parmi les partenaires initiaux du projet-pilote, on relevait les noms d’IBM, Cofinimmo, Home Invest et du Groupe Trevi. IBM avait par exemple constitué une flotte de 4 voitures, dont 2 électriques (plus… 6 vélos) que les employés pouvaient se partager en les réservant sur le portail. Un SMS leur était alors envoyé qui précisait le type de véhicule, le numéro de plaque et le code PIN leur permettant de débloquer les portières.

L’idée n’ayant pas abouti aux résultats (environnementaux et comportementaux) escomptés, d’Ieteren l’a adaptée. Désormais, la solution, rebaptisée Keyzee, permet de réserver et prendre possession d’un véhicule de flotte (location de voitures, parc d’entreprise…) en effectuant toutes les procédures via Internet.

Plus de clé classique, plus de temps d’attente dans une file devant un comptoir de location de voitures.

Une clé virtuelle est fournie à chaque réservation de véhicule (via la plate-forme en-ligne). Cette clé est envoyée vers le smartphone du conducteur, qui lui servira de sésame, moyennant procédure d’identification sur le portail, lorsqu’il ira en prendre possession. Il lui suffit donc de se présenter devant le véhicule, de valider et d’ouvrir la portière à l’aide de son smartphone, via la connexion Bluetooth qui est établie avec le boîtier spécial installé à bord de la voiture. La solution est compatible iOS, Android et Blackberry.

d’Ieteren utilisera la solution Keyzee pour ses propres besoins mais n’exclut pas la piste de la marque blanche, mise à disposition d’autres acteurs. Retour au texte.