App Alliance: un phare dans le maelström des applis mobiles?

Portrait
Par · 22/08/2013

En février de cette année, en plein Mobile World Congress- la grand-messe internationale du mobile-, Agoria lançait son initiative App Alliance. Objectif: servir de source d’informations (répertoire des acteurs affiliés, formations, conseils), favoriser le partage d’expériences et de problématiques vécues, et animer une “communauté” belge de sociétés actives dans le monde du développement d’applications mobiles. Les informations et conseils apportés aux adhérents et les actions menées (participation à des salons, ateliers thématiques, formations…) ont pour ambition de “professionnaliser le secteur” ou, tout au moins, de fournir aux acteurs des outils leur permettant de structurer, consolider et pérenniser leurs propres activités et projets.

Aujourd’hui, ce qui pourrait devenir une sorte de “club des mobilards” prend petit à petit ses marques. Même si l’adhésion est encore faible: seulement 20 affiliés actuellement (voir la liste sur le site de la plate-forme).

Cela semble fort peu, surtout qu’il ne s’agit pas tous de “pure players”. Mais cela s’explique en partie par le fait que l’App Alliance n’est pas ouverte à tous vents. Conditions d’adhésion: être une entreprise (la plate-forme n’est pas ouverte aux indépendants) et être membre d’Agoria. Le “club” doit donc encore faire de sérieux efforts pour recruter et espérer jouer un rôle significatif. Agoria lance d’ailleurs un appel à candidature, notamment pour étoffer les rangs de ses adhérents francophones. Pour toute information, un formulaire est à disposition sur le site de la plate-forme.

Premiers travaux

Quelque six mois après son lancement, la plate-forme App Alliance est en tout cas en train de finaliser plusieurs documents et services.

C’est ainsi qu’un addendum à la charte déontologique eTIC (code de bonnes pratiques visant à favoriser des “relations contractuelles équilibrées et transparentes entre fournisseurs ICT et clients”) devrait être prêt en septembre. Il devrait compléter la charte par quelques éléments spécifiques au monde du développement d’applis.

Autre exemple: un module de formation Start to App qui listera notamment les choses auxquelles toute société se lançant dans le développement d’applications mobiles doit prêter attention, qu’elle les développe en interne ou confie la tâche à une société externe. “Cette liste de points et critères doit notamment leur permettre de rédiger un cahier de charges valable”, explique Tanguy De Lestré, coordinateur Projets chez Agoria. On y retrouvera par exemple une explication des différentes étapes à franchir lors du processus de développement, le type de profils et de compétences requis, les éléments à inclure dans le projet (en ce compris la prise en compte, dès le départ, des nécessaires  mises à jour qu’imposera nécessairement l’évolution des plates-formes et des OS des fournisseurs…

Le lancement du module de formation est prévu pour septembre. Il prendra, dans un premier temps, la forme d’une session d’information. Par la suite, il pourrait être décliné pour mieux coller aux spécificités de certains secteurs d’activités.

Parmi les premiers thèmes évoqués de manière plus précise: le marketing mobile, les paiements via équipements mobiles ou encore les procédures de tests.

A terme, l’App Alliance espère évangéliser le développement d’applications au travers de possibles présentations lors d’événements qu’organiseraient des entreprises, des fédérations sectorielles (construction, logistique…), voire des établissements d’enseignement.

Les jeunes (dès le stade des études) sont évidemment une cible toute indiquée pour favoriser et attirer des talents vers le secteur. Une première session d’information a ainsi été organisée à Hasselt  en mai dernier, à l’occasion de l’événement AppsCity. Thème choisi: “comment devenir app-entrepreneur”. D’autres sessions d’informations visant l’enseignement pourraient être organisées à l’avenir. Mais aucune démarche systématique n’a encore été planifiée.

Trois profils

L’App Alliance s’adresse en fait à trois publics:

  • les sociétés positionnées elles-mêmes dans le développement d’applications, quels que soient les équipements de déploiement visés: portables, smartphones, tablettes mais aussi télévisions connectées…
  • les entreprises désireuses de développer (elles-mêmes ou via des tiers) ce type d’applications
  • les sociétés proposant des services aux développeurs d’applis.

Parmi les adhérents potentiels figurent également des acteurs qui ne sont pas des “mobile natives” mais qui ne peuvent faire l’impasse sur le phénomène des “apps”. Notamment les intégrateurs “qui ont besoin de mieux appréhender les contraintes, particularités et finesses qu’impliquent les développements pour ce monde nouveau”, indique Tanguy De Lestré. La plate-forme App Alliance ambitionne donc de favoriser les contacts et échanges entre développeurs d’apps mobiles et les intégrateurs.

Le rôle de veille que se propose d’assumer l’App Alliance prendra aussi une dimension d’influenceur. En tout cas, l’intention est de lancer, autant que faire se peut, des initiatives destinées à orienter et influer sur les futures mesures législatives ou réglementaires.

Parmi les services proposés aux membres actifs dans le développement d’applis, citons une participation conjointe au MWC (Mobile World Congress), la articipation à des groupes de travail thématiques, permettant par exemple d’explorer les potentiels, besoins et opportunités dans des secteurs et marchés tels que l’e-santé, les villes dites “intelligentes”, ou encore la mise à disposition de documents et de conseils dans divers matières, en ce compris juridique. C’est ainsi qu’un document générique traite de la problématique spécifique que pose le respect de la vie privée lors du développement d’applis mobiles.

Des conseils personnalisés seront également dispensés à la demande, en vue de promouvoir l’innovation dans le développement de nouveaux produits et services. Pour ce faire, Agoria s’appuiera sur le programme Smart Innovator, lancé par un consortium constitué (outre Agoria) du Sirris, d’iMinds (ex-IBBT) et de DSP Valley.

Appli et vie privée

L’installation d’applis mobiles sur les périphériques en tous genres qui font désormais notre quotidien entraîne la publication ou mise à disposition (pas toujours consciente) par l’utilisateur de multiples données: données de géolocalisation, informations de nature financière, habitudes de consommation, préférences, listes de contact, présence sur réseaux sociaux…

Quelle utilisation l’application en fait-elle?

Quel usage en fait l’éditeur, l’hébergeur?

A qui sont-elles communiquées, au gré de conventions commerciales passées par l’éditeur, l’hébergeur, le propriétaire du “magasin d’apps”, l’annonceur qui “s’inscruste” dans l’appli…?

Quel recours l’utilisateur a-t-il? quelles précautions doit-il prendre? peut-il brider la curiosité intempestive de telle ou telle appli?

A quoi s’engage un concepteur d’application en termes de revente à des tiers de données collectées par l’appli?

Que peut-on faire, ou non, avec les données de géolocalisation que collecte l’appli?

Sous quel nom une appli est-elle enregistrée dans l’app store? celui de son auteur ou celui du client?

Comment prémunir l’appli contre les codes malveillants qui foisonnent sur la Toile?

Quelle responsabilité un développeur assume-t-il face au “comportement” des codes publicitaires qui vont s’intégrer à son appli?

Autant de questions auxquelles les utilisateurs, mais aussi les concepteurs d’applis, ne pensent pas nécessairement mais qui peuvent avoir des conséquences non négligeables.

Voilà pourquoi, l’App Alliance a concocté, à destination de ses membres, un document de type foire-aux-questions (FAQ), dédié à la problématique spécifique de la protection de la vie privée.

S’appuyant sur les travaux, avis et recommandations du Groupe de travail Article 29 (1), la plate-forme App Alliance propose une document qui fait le point sur divers aspects de la problématique. Notamment:

  • quels sont les risques, en termes de protection de la vie privée, lors de l’utilisation d’applis?
  • quelle législation s’applique au traitement des données?
  • quelles différences existent-elles entre le droit belge, européen et américain?
  • sur qui reposent les obligations imposées par la législation?
  • quelles sont les obligations des développeurs?
  • quelles bonnes pratiques sont-ils “encouragés” à respecter?
  • quelles sont les obligations des “app stores”? des fabricants d’équipements mobiles? des concepteurs de systèmes d’exploitation? des fournisseurs de services? des services de paiement en ligne? des annonceurs?

(1) Le “Groupe de travail Article 29” est un organe consultatif européen chargé des questions de protection des données (à caractère personnel, notamment). Il est l’auteur d’un Avis publié en février 2013, intitulé: “Opinion 02/2013 on apps on mobile devices”. Il peut être téléchargé via l’adresse http://ec.europa.eu/justice/data-protection/article-29/documentation/opinion-recommendation/files/2013/wp202_en.pdf