SWDE: vers une automatisation plus poussée de la gestion des réseaux d’eau

Pratique
Par · 30/04/2013

La SWDE (Société wallonne des eaux) déploiera en septembre une solution mobile permettant à ses équipes sur le terrain d’interagir directement avec le système d’information géographique afin de mettre les données à jour en (quasi) temps réel.

Ce projet, dont la phase-pilote démarre en mai dans deux secteurs, permet non seulement de “mobiliser” la gestion et la surveillance des réseaux de distribution d’eau mais constitue également une étape préparatoire dans la perspective de projets futurs de télérelève/télégestion et d’identification automatique de tout incident.

Choix de technologies

Pour sa solution mobile de gestion des réseaux d’eau, la SWDE a opté pour le logiciel Elyx Mobile de Star-Apic, fournisseur de la solution GIS (Elyx Office et Elyx Web) que le gestionnaire utilise depuis 2009.

L’objectif immédiat du projet mobile est d’“assurer une remontée plus immédiate des informations, en évitant de devoir passer par des intermédiaires”, souligne David Brunet, directeur de la cellule Performance réseau-GIS/SIG (système d’information géographique). “Désormais, les équipes sur le terrain transmettent directement les informations, modifications, signalements vers la cellule Planification. Ce qui minimise les risques de perte d’informations, raccourcit le circuit, évite à certains dossiers de traîner sur le bureau d’une personne absente et, par ailleurs, permet d’identifier clairement qui a effectué tel relevé ou modification. Le fait de déployer cette solution mobile permet de gagner du temps lorsque l’information ne doit pas être validée par une chaîne d’intervenants.”

Pour l’heure, le projet en est encore à sa phase préliminaire de test. Deux secteurs ont été choisis (Suarlée et Villers-le-Bouillet) afin de vérifier l’adéquation de différents équipements et les scénarios de fonctionnement dans des zones qui ne sont pas forcément bien couvertes par le réseau 3G.

Le choix du matériel (tablettes, PC convertibles) dépendra de plusieurs facteurs: ergonomie, autonomie de l’appareil, temps de recharge, précision de visualisation des cartes, efficacité de l’interface tactile… “Les tests nous permettront également de déterminer les meilleurs scénarios. Notamment, le rythme de synchronisation des données.”

Déploiement

Dès septembre, la solution sera déployée sur l’ensemble des secteurs. Seuls toutefois les contremaîtres seront équipés.

Ils disposeront sur leur terminal mobile des plans du secteur, avec fond de plan (basé sur la cartographie PIC de la Région wallonne), relevé des équipements sur le terrain (symbolisés sur le plan), outils métier (isolation des biefs, recherche de fuites par capteur de bruits…), et possibilité de visualiser des documents (plans de détails, photos, schéma de qualité des eaux…).

Pour l’encodage des informations, ils disposeront de menus déroulants, de potentiels d’annotation graphique à l’écran, et de champs où introduire du texte libre (avec potentiel de reconnaissance de caractères).

Ils pourront par ailleurs adjoindre des documents multimédias (photos, croquis de pose, instructions de travaux…) qui serviront d’annexes, directement liées aux “objets” du plan auxquels elles se rapportent (conduite, vanne…).

Les futurs terminaux mobiles serviront de systèmes d’encodage de relevés et d’informations. Leur potentiel de communication, pour le transfert temps réel de ces données, ne sera pas exploité. Du moins pas dans l’immédiat.

Le transfert des informations vers la cellule centrale de Planification/GIS de la SWDE se fera une fois par jour, via connexion fixe, au départ du bureau central de chaque secteur. “Nous ne sommes pas, en principe, hostiles à des transferts immédiats via réseau 3G ou 4G mais nous avons voulu adopter une démarche progressive, commencer simple afin de déployer le projet le plus rapidement possible”, indique David Brunet. “Des changements de scénario pourront toujours être effectués plus tard.”

Il s’agit bien d’un scénario de remontée d’informations, les contremaîtres ne pouvant pas modifier ou actualiser en direct les informations et plans contenus dans le SIG. “La cellule GIS/Planification reste chargée de valider les informations. Notamment pour éviter que des incohérences soient introduites. Le contremaître signalera un incident, une modification, une correction… Par exemple qu’une conduite est en PVC et non en ciment, demandera l’encodage d’une borne d’incendie qui ne se trouve pas dans le plan… Mais il y aura toujours validation et contrôle des incohérences.”

Autre avantage de la solution mobile: une précision plus grande des relevés et signalements dans la mesure où les équipes pourront désormais s’appuyer sur le potentiel GPS embarqué dans les tablettes: “les données des plans existants seront confrontées visuellement sur le terrain et corrigées en fonction des situations réelles et des informations GPS du terminal.”

Du terrain jusqu’au back-office

A cette première phase de simple relevé et encodage d’informations par les équipes de terrain succédera, dès 2014, un scénario plus ambitieux. A savoir: l’activation d’un lien direct entre l’application SIG (mobile) de Star-Apic et le logiciel ERP (SAP) afin d’autoriser, sur le terrain, la création d’interventions à même le plan.

“L’idée est d’autoriser une gestion d’exploitation à partir du SIG, avec planification et notation directe des interventions. Dans le cas d’une fuite à réparer, l’ordre de travail pourra être créé au départ du SIG mobile, directement dans l’application SAP. Le contremaître pourra par exemple indiquer le nombre de personnes sollicitées par cette tâche, le type de pièces requises, la cause de la panne, le statut de l’opération….”, explique David Brunet. “Cette intégration Elyx/SAP présente plusieurs avantages, à commencer par un signalement géolocalisé précis de la réparation, là où les indications restent imprécises actuellement. Du genre, fuite en face du n° 45 de telle rue… Autres avantages: la possibilité que nous aurons de visualiser sur la carte les endroits où se produisent le plus de problèmes, et une meilleure planification des équipes. Ce dernier point sera d’autant plus efficace lorsque les véhicules seront équipés d’une puce, nous permettant de suivre les équipes et de les envoyer sur le site d’intervention le plus proche.”

Vers la télérelève

Aucun agenda n’a encore été précisé mais la SWDE planche sur le déploiement de projets de télérelève et télégestion qui permettront de gérer à distance les équipements déployés sur le terrain. Au-delà de la simple surveillance des paramètres, l’objectif sera d’autoriser le déclenchement à distance de certains équipements (pompes, vannes…). Dans cette perspective, l’utilisation étendue du système GIS et son intégration avec SAP s’avèrent être des éléments préliminaires fondamentaux.

“Le système GIS nous donnera des informations précises sur des paramètres tels que la longueur des conduites, nous permettant d’évaluer l’importance d’une perte d’eau par rapport au kilométrage de conduite. Le lien avec le logiciel de gestion de maintenance SAP permettra de déterminer combien de clients, et plus encore de clients “sensibles”, sont impactés par une fuite. Cela nous permettra d’allouer des priorités dans les opérations d’intervention.”

Quand la dimension de télérelève sera activée, la SWDE sera en mesure de détecter le jour-même une perte d’eau, signal d’une fuite. “Aujourd’hui, les pertes sont identifiées une fois par an, lors des relevés de compteurs. Avec la télérelève en temps réel, on pourra par exemple comparer, à 3 heures du matin [heure de niveau de consommation théoriquement minimale] les niveaux de consommation de deux jours consécutifs en un point déterminé et identifier immédiatement un niveau inhabituel, signe de perte.”

L’intervention pourra alors se faire dès le lendemain et non un an ou 4 mois plus tard.

Le projet de télérelève est un vaste chantier dont les premiers jalons seront posés en mai, avec la sortie des cahiers de charges. Déploiement des solutions prévu entre 2013 et 2018. Avec nécessaire mise à niveau et standardisation des équipements sur le terrain…

Autre perspective future: une fois les plans existants rendus plus précis grâce à une cartographie numérique réactualisée (*), l’intégration des solutions GIS, SAP et télérelève “permettra de créer un schéma de réseau et de fonctionnement du réseau parfaitement exact. C’est important, par exemple, quand on se trouve confronté à une pollution. Il est crucial, dans ce genre de situation, de comprendre rapidement le fonctionnement du réseau, le spectre de distribution des eaux, savoir quelle vanne fermer… Et cela correspond à l’obligation qu’a la Région de veiller à la qualité des eaux. A l’heure actuelle, les plans d’intervention et les plans d’urgence sont encore dessinés manuellement. Le projet [de type R&D], en cours, est de pouvoir les schématiser à partir du GIS afin de pouvoir déclencher des actions automatiques.”

(*) Le plan PIC est plus précis que l’ancien plan cadastral mais la mise à jour exigera un “recalage”, si possible automatique (via échanges de données FME), de la localisation des conduites et équipements sur le plan. FME est l’acronyme de “Feature Manipulation Engine” et désigne un ensemble d’outils ETL (extract, transform, load) pour données spatiales, permettant de transformer et convertir des données entre formats disparates.