Inauguration officielle de l’incubateur ESA-BIC de Redu

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Par · 12/12/2012

Ce 11 décembre, l’ESA (Agence spatiale européenne) inaugurait officiellement son 6ème incubateur d’entreprises en Europe. L’ESA-BIC (Business Incubator Center) de Transinne, près de Redu, se joint ainsi aux sites de Darmstadt, Frascati, Harwell, Noordwijk et Oberpfaffenhofen et sera bientôt imité (dès ce 14 décembre) par l’ESA-BIC de Geel. Deux incubateurs pour un (petit) pays, la chose n’est pas banale. Et Belspo salue la chose, en confirmant son engagement à apporter sa contribution financière aux projets qui s’y implanteront (25.000 euros par projet, pour être précis).

Vers un pôle spatial “Galaxia”

Situé à quelques kilomètres de la station de l’ESA à Redu, le parc d’activités Galaxia de Transinne espère bien devenir un pôle d’activités économiques créateur d’emplois en Province de Luxembourg. Et ce, en incitant davantage d’entreprises et de porteurs de projet à venir s’implanter sur le site. “Le BIC vient s’ajouter au site scientifique qu’est la station de l’ESA et au site à vocation éducative [et récréative] qu’est l’Euro Space Center de Redu”, souligne Fabian Collard, directeur général d’Idelux, l’intercommunale de développement économique de la province de Luxembourg.

“L’objectif n’est pas a priori d’inciter de grandes entreprises à se délocaliser pour venir s’implanter ici, mais plutôt de créer un tissu de PME luxembourgeoises.”

Dans sa première phase de déploiement, l’incubateur ne pourra accueillir et accompagner qu’une demi-douzaine de sociétés “mais notre intention est de grandir. L’espace est disponible pour une extension. Nous avons d’ailleurs besoin d’avoir le plus d’“incubés” possibles pour créer une économie d’échelle et optimiser le support.”

Le premier incubé “natif”, c’est-à-dire le premier projet local orienté vers les applications spatiales, est la jeune start-up belge ESNAH, qui développe une application mobile à destination de l’aviation générale civile.

Toutes les start-ups incubées à l’ESA-BIC ne seront pas nécessairement d’origine belge, l’ESA militant pour que les Etats-membres affiliés à l’Agence exploitent les ressources de l’ensemble des incubateurs créés à travers l’Europe. Mais ces projets venus éventuellement d’ailleurs auront par contre pour obligation de s’implanter dans cette région du Luxembourg.

A noter que le prochain appel à projets (il y en a 4 par an) démarrera le 11 février 2013 (date de dépôt des candidatures).

ESA-WSL, même combat

WSLlux est l’antenne luxembourgeoise de l’incubateur liégeois WSL. Pour décrocher le statut d’ESA-BIC, il s’est constitué sous forme de GIE, via un partenariat entre le WSL, Idelux et Luxembourg Développement, fonds luxembourgeois d’investissement.

Grâce à ce groupement d’intérêts, les start-ups à orientation spatiale incubées bénéficieront de services d’hébergement et d’accompagnement, d’aides financières (venues de WSL, de Belspo et de Luxembourg Développement) et d’un support technologique. Ce dernier est fourni, à l’heure actuelle, par divers intervenants privés ou publics, à savoir: l’ESA, Redu Space Services (filiale de SES Astra Techcom et de Verhaert Space), Lambda-X, le centre d’entreprises CIDE Socran et le CETIC.

Deux autres acteurs devraient bientôt apporter également leurs contributions. A savoir: Open Engineering et Vitro Ciset (contractant maintenance et exploitation pour l’ESA). Le support apporté prend, selon les besoins, la forme de compétences, d’expertise ou de mise à disposition de matériels et ressources généralement hors de portée d’une PME ou d’une start-up.

Les projets retenus, qui obtiennent donc un droit de séjour d’au moins deux ans dans l’incubateur, décrochent en outre un financement conjoint pouvant aller jusqu’à 125.000 euros, réparti comme suit:

  • Belspo: 25.000 euros
  • WSL et ESA: 50.000 euros (50% chacun), pour financer la R&D et la propriété intellectuelle
  • Luxembourg Développement: 50.000 euros, sous forme de prêt subordonné.

Peupler l’incubateur

Outre les appels à projets et la délocalisation possible d’acteurs qui seraient attirés par le site de Transinne, l’ESA-BIC espère susciter des vocations via des campagnes de sensibilisation qui viseront, d’une part, les étudiants (universités et hautes écoles) et, d’autre part, les néo-entrepreneurs.

La première cible sera approchée notamment au travers du programme Star Tech. Les seconds feront l’objet de campagnes orchestrées par WSLlux en collaboration avec les centres d’entreprise et les chambres de commerce locales.

Tous ces ingrédients sont-ils suffisants pour générer une plate-forme, voire un écosystème réellement performants? Peut-être pas, estimait par exemple Jacques Nijskens, responsable du service Recherche & Applications spatiales au sein de Belspo, lors de l’inauguration de l’ESA-BIC. A ses yeux, l’existence d’un incubateur et la perspective de pouvoir bénéficier de fonds d’investissements sont certes des outils “nécessaires pour susciter la création de nouvelles entreprises mais ce n’est pas suffisant. Nombre de propositions qui sont présentées devant le TEB (comité d’évaluation des projets) ne sont pas suffisamment mûres pour entrer dans un BIC. Peut-être devrait-on s’inspirer du Concurrent Design Facility [bureau d’études de l’ESA] ou du CCD-C européen (Creativity & Concurrent Design Center) qui servent de lieux de maturation, qui favorisent la rencontre d’expertises. Qu’elles soient financières, juridiques ou technologiques. C’est là un outil qui manque encore entre l’étape de l’idée et l’aptitude à entrer dans un BIC. Mais pour que de tels outils existent, il faut disposer de fonds suffisants.” Et de s’interroger sur leur provenance. “Est-ce le rôle de la Belgique de créer cet outil, au niveau local, ou l’ESA ne devrait-elle pas se l’approprier? Cela permettrait de mettre ce genre d’outil au service de tous les incubateurs…”.