Start-up sortie du nid? Le chaînon manquant

Hors-cadre
Par · 31/10/2012

Que ce soit sous la forme d’incitants fiscaux, de prises de participation ayant une forte connotation d’accompagnement réel, ou d’intervention à un stade précoce de la genèse d’un projet de start-up, le petit monde bouillonnant des “porteurs d’idées”  a clairement besoin d’un cadre et d’instruments assurant une guidance au long cours qui optimise leurs chances de pérennité.

C’est en substance le message qu’ont voulu faire passer Olivier de Wasseige, co-fondateur du fonds d’investissement Internet Attitude, et Thierry Beauvois, président du conseil d’administration, lors de la réunion au cours de laquelle le fonds a présenté son bilan d’activités et le lancement d’une nouvelle levée de fonds.

“Si le nombre d’organismes, par exemple des incubateurs tels le WSL, ou d’initiatives, du genre MIC Boostcamps, Nest’Up, etc, ne manquent pas, force est de constater que le soutien financier reste un problème récurrent. Les banques sont frileuses et les investissements publics ne se font que très rarement en capital, se concrétisant principalement en prêts ou subsides. Avec, souvent, un énorme délai entre l’octroi et la libération des fonds, l’absence de ces fonds freinant considérablement le développement de l’entreprise”, déclarait par exemple Olivier de Wasseige.

Et le constat de carence, ou tout au moins de lacune, ne s’arrête pas là. Un fossé continue de subsister entre le stade précoce de la start-up et l’étape du financement de la croissance. Les capital-risqueurs ne s’intéressent pas aux jeunes pousses encore friables ou pubères. Mais qui le fait?

Un double problème

Hormis ce manque de relais entre le capital initial et le capital-risque, accompagnement et guidance continuent, eux aussi, de laisser subsister des trous inquiétants. A plusieurs stades.

Celui, par exemple, qui suit immédiatement la sortie de cocons du genre Boostcamp ou “accélérateur” Nest’Up. “Les projets qui sortent de ces programmes ne sont absolument pas des dossiers mûrs qu’Internet Attitude pourrait accepter”, déclarait Amélie de Spot, directrice d’Internet Attitude. Lire également l’interview qu’elle nous a accordée, début septembre.

Olivier de Wasseige (Internet Attitude): “Il ne sert à rien de multiplier les créations d’entreprise si c’est pour en condamner une partie à mourir trop vite, faute d’accompagnement.”

“Si de nombreuses initiatives ont le mérite d’aider les candidats entrepreneurs à “accoucher de leur projet”- et il en faut-, il n’en reste pas moins vrai que l’accompagnement pendant le démarrage et la croissance est capital”, poursuivait Olivier de Wasseige. “Or, dans l’état actuel des choses, l’accompagnement est trop court, clairement insuffisant pendant les premières années d’une start-up. Il ne sert à rien de multiplier les créations d’entreprise si c’est pour en condamner une partie à mourir trop vite, faute d’accompagnement. Un processus plus sélectif au départ mais plus consistant par la suite déboucherait sur plus de réussites. C’est là qu’Internet Attitude veut aussi intervenir.”

Et ce, même si son champ d’action se situe à un stade de maturation plus prononcé de la vie d’une start-up. Le fonds d’investissement ne retient en effet que des dossiers correspondant à des produits ayant dépassé la phase du prototypage et ayant des perspectives de commercialisation raisonnablement bien établies. Une partie du fonds d’investissement, toutefois, pourrait être alloué à des projets se situant à un stade plus précoce. Mais cette fraction serait fort minoritaire par rapport aux autres moyens engagés.

Redistribuer rôles et scénarios

Il y aurait donc, de l’avis d’Olivier de Wasseige, à la fois un manque d’encadrement équilibré, à long terme, et une mauvaise utilisation des compétences et bonnes volontés. Il est par exemple dommage, selon lui, de voir que la qualité des mentors, associés à des initiatives telles Nest’Up, ne soit pas utilisée, pour des accompagnements donnant des résultats plus tangibles.

Thierry Beauvois, président du conseil d’administration d’Internet Attitude, ajoute, de son côté, que le phénomène des start-ups a besoin de davantage d’interventions d’argent public et de nouvelles démarches tendant à favoriser l’esprit d’entreprendre sur la scène locale.

“Pourquoi, par exemple, ne pas jouer la carte des incitants fiscaux en proposant par exemple des avantages fiscaux aux investisseurs qui injectent des fonds dans Internet Attitude en vue de financer des starts-up locales”, dont le dossier aura été examiné par un jury d’experts?

Deux autres conditions seraient par ailleurs nécessaires: en finir avec la culpabilisation systématique et le dénigrement des investisseurs qui sont considérés comme de vils boursicoteurs, bassement vénaux, ne cherchant qu’une plus-value rapide et aisée, et une plus grande rigueur et transparence dans le fonctionnement des fonds d’investissement.