Claroline: nouvelle version en 2013 pour la plate-forme d’e-learning belge

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Par · 18/10/2012

Claroline, plate-forme d’e-learning née en 2001 à l’UCL, a aujourd’hui étendu son audience à nombre d’institutions académiques et écoles de par le monde. Ses utilisateurs se retrouvent dans plus de 100 pays à travers la planète et l’utilisent pour de la diffusion de contenus dans quelque 35 langues- même si la plate-forme demeure essentiellement une réalité francophone et hispanophone.

Alors que la prochaine version de la plate-forme est planifiée pour l’année prochaine, le consortium Claroline explore diverses manières de renforcer son action et sa représentativité sur le marché. Nous y consacrons d’ailleurs un petit article que nous vous invitons à lire.

Ce que sera Claroline/Next…

Il est encore fort tôt pour en faire une description des fonctions puisque cette future version ne devrait faire son apparition sur le marché que d’ici un an mais il est sans doute utile d’en dévoiler d’ores et déjà les grandes orientations.

L’objectif de la prochaine version sera de “mieux supporter l’apprentissage des étudiants natifs du numérique, […] de permettre divers styles d’apprentissage, […] de proposer de nouvelles formes d’évaluation…” La plate-forme devra pouvoir “s’adapter rapidement mais de manière cohérente au foisonnement des outils susceptibles d’être utilisés pour favoriser l’apprentissage”, comme l’exprimait Philippe Mercenier, secrétaire général du consortium Claroline, lors de la Journée des utilisateurs Claroline en Fédération Wallonie Bruxelles (7 mars 2012). Le Web 2.0 (et ses successeurs potentiels) représente tout à la fois une source de progrès, une dynamique nouvelle qui modifie le rapport de l’apprenant avec l’apprentissage mais qui risque aussi de déstructurer, d’amener des effets pervers induits par une richesse d’inventivité débridée. “Trop c’est trop! Il faut aussi de l’agrégation”, soulignait Philippe Mercenier.

Le principe de base de Claroline demeurera évidemment le même. A savoir: permettre à différentes catégories d’acteurs (étudiants, enseignants, parents, collaborateurs administratifs…) d’accéder à un portefeuille de ressources, moyennant droits d’accès adaptés. Pour mieux coller à la réalité du monde de la formation (en milieu académique ou autre), la notion de “cours” va, elle, évoluer.

“Les choix faits au départ [début des années 2000] ont centré Claroline sur le concept de cours et, en particulier, sur le concept de document. Avec le temps et en fonction des évolutions, on s’est rendu compte qu’il était compliqué de partager des documents entre des cours différents. Les notions de bibliothèque ou de session mises en oeuvre pour y remédier ne sont pas très satisfaisantes.”

Il fallait en outre s’ouvrir aux utilisateurs non académiques. Notamment aux utilisateurs d’e-learning en entreprises, reconnaît Philippe Mercenier. Difficile de parler de “cours” dans ce contexte. D’où le concept d’“espace d’activité” qui naîtra avec la prochaine version de Claroline et qui pourra correspondre à un cours, à un projet, à un portfolio personnel… Ces “espaces” pourront se regrouper ou se combiner librement, au gré des scénarios.

Noyau et modules “à la carte”

“ClaroNext” (nom de code de la future version) sera par ailleurs une plate-forme davantage ouverte, apte à s’intégrer à d’autres outils (documentaires, collaboratifs…). Cela permettra à l’utilisateur de bénéficier, dans le cadre de son “espace d’activités”, de toutes les ressources dont il a besoin: contenus Google Docs, cours d’une autre institution académique…

“Il nous fallait aller plus loin que l’idée de bureau virtuel, rendre Claroline le plus générique possible, permettre aux utilisateurs d’activer les ressources et les fonctionnalités qu’ils désirent…”

Pour ce faire, Claroline sera quelque peu modifié conceptuellement. Son noyau continuera d’être développé par l’équipe de développement du consortium. Un premier cercle de modules, procurant les fonctionnalités communes, génériques et fondamentales (espaces d’activités, annonces, agenda, exercices, parcours pédagogique…), seront développés par les membres effectifs du consortium et suivront l’évolution du noyau.

D’autres modules plus spécifiques ou élaborés pourront être développés par la communauté toute entière mais avec des garde-fou strictement définis.

Le tout permettra à l’utilisateur de se construire un environnement Claroline “à la carte”.

Pour garantir l’efficacité de l’ensemble, le consortium va instaurer le principe de labellisation des modules. “Nous allons ouvrir la communauté parce que nous avons intérêt à ce qu’un maximum de gens développent pour Claroline mais sans pour autant faire n’importe quoi. Nous ne voulons absolument pas reproduire le modèle Moodle”, insiste Philippe Mercenier. “Moodle dispose de plus de modules mais sans garantie qu’ils soient suivis ou pérennisés. Pour garantir que les modules développés soient nickel et pérennes, les développeurs devront s’engager à en assurer le suivi. S’ils manquent à leur engagement, ils perdront leur label. Le cas échéant, le développement et la maintenance du module, voire son évolution, seront repris en compte par le consortium lui-même.”

Outre la structure noyau/modules, un autre élément essentiel de la future version sera les interfaces, développées notamment pour autoriser la greffe d’outils tiers ou l’interaction avec des solutions telles que la gestion des ressources humaines.

Mr Flashy vs Miss Spartiate

L’une des critiques souvent entendue au sujet de Claroline est que son interface est (trop) spartiate. L’équipe de développement s’attache donc à améliorer l’ergonomie, la logique et la cohérence des fonctions, ainsi que l’attractivité de l’interface. “La prochaine version fera plus de place aux personnalisations. Ceux qui préfèrent du spartiate pourront le conserver. Ceux qui veulent du flashy pourront s’y adonner”, promet Philippe Mercenier.

Philippe Mercenier: “Nous allons ouvrir la communauté parce que nous avons intérêt à ce qu’un maximum de gens développent pour Claroline mais sans pour autant faire n’importe quoi.”

Depuis ses débuts, le monde du “2.0”, du collaboratif et du user generated content est évidemment passé par là. La future version améliorera un certain nombre de choses. Par exemple, la faculté d’annoter, de partager, de réagir à des documents, messages, communications…

Ce rafraîchissement ergonomique devra beaucoup à Spiral, la solution de création et de diffusion de modules de formation sur Internet de l’université de Lyon I, avec qui un rapprochement (pour ne pas dire une fusion) est en cours.

Deux autres gros chantiers sont envisagés. Le premier concerne l’adaptabilité, voire l’optimisation de Claroline aux divers terminaux. La plate-forme sera en effet exploitable sur des dispositifs tels que tablettes ou smart phones.

Un autre gros chantier, davantage tributaire des moyens (financiers et humains) que le consortium pourra y consacrer, concerne l’optimisation de Claroline pour des “publics plus défavorisés”. En clair, le monde des personnes souffrant d’un handicap, notamment visuel. “Il faut prévoir des interfaces différentes pour que tous puissent accéder aux contenus.” Mais ce développement, complexe, nécessitera des moyens supplémentaires.