Télés locales: numériser les archives pour mieux les exploiter

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Par · 17/07/2012

Le projet Nepal (Numérisation des Emissions constituant le Patrimoine Audio-visuel des télévisions Locales), qui concerne les archives des 12 télévisions locales de la Fédération Wallonie-Bruxelles, entrera dans une nouvelle phase à la rentrée. Le cahier des charges devrait en effet être publié à cette époque. Entre-temps, s’appuyant sur une subvention publique, la Fédération des Télévisions locales (FTL) poursuit les travaux de préparation. En jeu: la sélection des cassettes d’archives les plus intéressantes et l’uniformisation des bases de données.

2011 avait été l’année de l’identification des contenus, de l’inventaire et de la sélection des archives à numériser. Principal critère imposé par la Fédé Wallonie-Bruxelles: la préservation des documents télévisuels représentant un intérêt patrimonial effectif. Etaient donc concernés non seulement les programmes ayant été diffusés mais aussi, potentiellement, certains rush non exploités mais qui sont en soi des “témoins d’une époque justifiant qu’on les préserve”, souligne Julie Verslype, documentaliste et responsable Archives à la FTL.

52.000 heures de programmes

Au total, 120.000 supports, appartenant aux 12 télévisions locales, ont été inventoriés. 63.000, représentant quelque 52.000 heures de programmes, ont été retenus pour être numérisés. Pour repérer les archives utiles, l’équipe de la FTL (2 personnes à temps plein et 5 personnes à temps partiel) s’est essentiellement basée sur les conduites, les bases de données existantes ainsi que sur la mémoire collecte. Tout visionner aurait pris trop de temps et n’aurait d’ailleurs pas toujours été possible, certains supports trop anciens ou trop détériorés ne pouvant plus être lu, parfois pour cause de matériel périmé ou inexistant. Le risque est donc que quelques “perles” dorment encore (et peut-être pour l’éternité) sur des supports illisibles.

Les archives reposent en effet sur des supports très variés: U-matic, Betacam, DVCPro, DVD et Digital S. Les U-matic posent le plus de problèmes, “plus aucune télé locale ne disposant sans doute d’un lecteur adapté.”

A ce jour, les seuls supports à) avoir été numérisés (par Memnon) concernent des bandes 1/2 pouce. Quelque 325, sur un total de 644 bandes testées, ont été numérisées avec succès, correspondant à 170 heures d’images.

Tout le reste devra être numérisé par le prestataire qui sortira gagnant de l’appel d’offres.

Un historique hétéroclite

Au-delà de la diversité des supports (encore accentué par la qualité variable des bandes fournies par tel ou tel fournisseur), le défi réside aussi dans la grande disparité des bases de données utilisées par les télévisions locales (certaines disposent même de plusieurs systèmes d’archivage, en fonction des époques concernées). De même, l’identification des contenus est souvent un véritable casse-tête. Chaque télé, chaque collaborateur procédait jadis à sa guise. Il arrive que le contenu de certaines bandes soit identifié par un seul mot, sans descriptif réel.

L’un des gros travaux de préparation consiste donc à enrichir les métadonnées “soit en complétant les noms des auteurs et journalistes dont on ne dispose parfois que des initiales ou des surnoms, soit en complétant avec les informations puisées dans les conduites.” Il s’agit également d’uniformiser les références de chaque contenu (titre, résumé, intervenants), de normaliser les nioms, mots-clés, les time code… “

L’équipe de la FTL procède pour l’instant à l’exportation de toutes les bases de données existantes vers Excel. Une étape intermédiaire avant la création d’une base de données unique, commune à toutes les télés locales, clairement structurée, que tout le monde alimentera selon des conventions uniformisées.

L’étape de la numérisation

La numérisation des archives sera placée sous la responsabilité de la Sonuma qui publiera, à la rentrée, un cahier de charges. L’espoir est de désigner rapidement un prestataire et de démarrer les travaux de numérisation environ 6 mois plus tard.

Impossible, à l’heure actuelle, de déterminer l’agenda de ce processus de numérisation dans la mesure où il dépendra pour une bonne part du prestataire choisi. Ce dernier déterminera sans doute en effet les priorités et l’agenda en fonction de sa propre expertise. La FTL voudrait certes que la priorité soit données aux bandes U-matic mais “il se peut qu’en fonction du degré de difficulté, le prestataire préfère démarrer avec les supports qu’il maîtrise mieux”, indique Julie Verslype. “Une autre contrainte est la nécessité de travailler en fonction de la durée de chaque support. Nous sommes en train de préparer ces lots, pour regrouper les cassettes de même type et de même durée. Une fois le prestataire sélectionné, nous aurons une meilleure visibilité sur la démarche qui sera suivie.”

Le travail de post-numérisation

L’équipe de la FTL devra encore intervenir une fois la numérisation effectuée. Notamment pour effectuer la segmentation des matériels numérisés. “Nous allons en effet réceptionner des fichiers numériques. Chaque fichier correspondra à une cassette mais chaque cassette peut par exemple contenir deux émissions, un JT lui-même composé de 10 reportages, etc. Il faudra donc corréler chaque contenu au contenu de la base de données et à la fiche descriptive qui s’y rapporte. D’où l’importance de procéder à un travail de préparation minutieux, notamment en termes de conception et de structuration de la base de données unique, d’impositions de règles d’indexation.”

Les conditions et droits d’exploitation des archives numérisées font actuellement l’objet d’une négociation entre la FTL et la Sonuma. La nouvelle convention devrait être définie d’ici la rentrée.