Liège 2017, fenêtre ouverte sur les enjeux futurs de notre écosystème IT

Tribune
Par Bruno Schröder · 11/07/2012

Chaque fois que je pars pour une de ces grandes conférences internationales, abordant évidemment un sujet fondamental et très important pour notre société, je me demande toujours si le déplacement en vaut la peine et si les discours ne seront pas tellement convenus que j’en reviendrai avec la sensation profonde d’avoir perdu mon temps, et franchement, ça arrive.

Cette fois, j’étais en route vers Genève en tant que membre de la délégation de Liège2017 se rendant à la Conférence Mondiale de la Société de l’Information organisée par l’ONU pour y  tenir un atelier sur le thème proposé par Liège pour l’organisation de l’exposition internationale de 2017. Le contenu des autres présentations n’était donc qu’un élément annexe, notre objectif unique étant de soutenir la candidature de Liège et de convaincre le maximum de représentants de voter pour le projet liégeois.

Comme j’y étais, j’ai profité des temps morts dans notre agenda officiel pour assister à quelques présentations de pays situés très loin de notre environnement immédiat. Ce que j’ai découvert m’a profondément impressionné.

Carte des connexions sous-marines africaines

Pour faire bref, le nombre de souscriptions GSM concerne aujourd’hui 87% de la population mondiale. En Inde, il est possible d’acheter une tablette pour 35 dollars. Je confirme: trente-cinq, pour ceux qui croiraient à une faute de frappe. Au Nigeria, le premier smartphone est à 80 dollars (quatre-vingt) et dans les 10 pays utilisant le plus les téléphones mobiles pour accéder à Facebook, il n’y a que 2 pays “occidentaux”, à savoir le Japon et Singapour. Et ils n’arrivent respectivement qu’en 9ème et 10ème position. Le top 5 comprend le Nigéria, le Malawi et la Papouasie. Par ailleurs, dans un grand nombre de ces pays, le m-learning semble définitivement prendre le pas sur l’e-learning.

Si l’on ajoute à cela l’accroissement de la population mondiale- qui se fera exclusivement en dehors de nos pays et l’existence d’une infrastructure digitale- qui permet d’ores et déjà une connexion à peu près partout sur la planète-, il n’y a qu’une seule conclusion possible: la culture technologique mondiale, dans les années à venir, sera essentiellement définie par les besoins et les usages des pays en cours de développement.

Courbes des populations mondiales

À l’horizon 2050, le marché que nous représentons, plus ou moins 1,7 milliard d’habitants, reste globalement constant, tandis que les pays les moins développés et les pays en développement connaîtront chacun une croissance d’environ 1 milliard d’habitants. C’est donc en dehors de nos pays que se conquerront les nouvelles parts de marché. C’est pour ces marchés que se développeront les nouvelles technologies. C’est là que se définiront les usages principaux du monde digital.

Liège 2017, dont le thème est “Connecting the world, linking People, better living Together”, est donc d’une importance fondamentale pour notre écosystème IT.  Les 5 sous-thèmes – Education, Culture, Transport, Environnement et Santé – sont au cœur de la problématique de ces nouveaux marchés.

L’opportunité que nous avons de passer 5 ans à suivre les avancées technologiques, à anticiper les usages et à construire notre intelligence du monde digital à l’horizon 2017 et au-delà est en fait une chance unique pour toutes les sociétés IT de la région, existantes et futures, de bénéficier d’une recherche fondamentale à l’échelle de la région. L’opportunité que nous aurons de voir ces pays, ces marchés venir à Liège présenter leur vision de ce thème est notre opportunité formidable de comprendre ces enjeux et de rencontrer les besoins de 5 à 7 milliards de consommateurs, utilisateurs d’une infrastructure mondiale dont l’usage est quasiment gratuit grâce aux technologies du cloud et de la programmation mobile.

Je n’ai donc pas perdu mon temps à Genève. En plus du succès de notre atelier et du soutien que le projet de Liège2017 a reçu auprès des autres délégations, j’ai eu l’occasion de voir en action les transformations de la planète induites par la révolution digitale. Je comprends comment nos entreprises peuvent capturer localement le retour économique de l’évolution technologique et, surtout, je suis certain que Liège2017 est  l’opportunité unique pour la région de prendre une position de leader dans la nouvelle économie digitale.

 

Bruno Schröder

Technology Officer, Microsoft Belux