Le MIC et ses Bootcamps: qu’en retirent les ‘start-up’?

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Par · 29/06/2012

La première question que l’on peut se poser, c’est de savoir ce que les “boostcampers”, ces porteurs de projet qui bénéficient d’un accompagnement de 4 mois du MIC, des conseils des experts et de formations et informations tant techniques que managériales ou financières, en retirent vraiment. Quel est l’impact sur leur projet.

A l’occasion du petit exercice d’évaluation que nous leur avons demandé, les “boostcampers” pointent, pour beaucoup, tout une série d’outils et de méthodes d’encadrement qui leur ont permis de baliser, de structurer ou de repenser leur projet.

Témoignages.

Vincent Sacré, initiateur de Here Now & Management et de l’outil de gestion de compétences 4Up: “Le Boostcamp nous a apporté une meilleure connaissance du projet en lui-même et surtout une approche beaucoup plus terre à terre.”

Pour Germain Saval, de Conf&TI (solution de configuration logicielle et applicative automatique), “le Boostcamp a eu un impact très positif sur la définition et la concrétisation de notre projet. Il nous a permis de redéfinir notre projet en termes d’opportunité économique plutôt qu’en termes strictement technologiques. Les rencontres d’experts, par exemple, nous ont permis de confronter notre concept au regard critique de spécialistes extérieurs à notre propre domaine de compétence, ce qui a permis de challenger notre vision et de nous pousser à penser “en dehors de la boîte”. Le projet venait à peine de débuter et en était encore à la phase du concept. Nous voulions avoir une regard extérieur de spécialistes sur notre idée pour voir si elle avait du sens. Nous souhaitions aussi acquérir quelques compétences sur des sujets que nous maîtrisions moins (marketing, vente, finance).”

Ce sont des mots et des appréciations que l’on retrouve dans d’autres bouches.

Vincent Bultot de Nearshop (solution de vente en-ligne pour petits commerçants locaux) parle de “prise de recul par rapport au projet” et de refocalisation sur “un certain nombre de problématiques essentielles à la création d’une entreprise. Le Boostcamp m’a éclairé sur les étapes pour créer notre entreprise.” Benoît Naveau, de Promedic (plate-forme interactive destinée aux professionnels de la santé), emploie pour sa part les termes de “remise en question”, d’assistance qui lui a permis de “savoir comment faire pour tenter de réussir.”

Pour Xavier Rouby, co-fondateur de Pfease (business intelligence et aide à la décision prédictive), “il y a eu, dans une certaine mesure, recadrage du projet, recadrage vers notre core business. Nous avons profité des coachings personnalisés. Nous avons pu confronter notre vision et nos choix stratégiques avec d’autres avis, ce que nous n’aurions pas pu faire aussi souvent hors du cadre du Boostcamp. Le boostcamp nous a permis de nouer beaucoup de contacts (networking) de qualité, de développer notre réseau et d’accroître notre notoriété.”

Le recadrage a également été un fait important pour Romain Carlier, de ReakLab (développement de sites Web). “Le Boostcamp nous a permis de nous rendre compte de nos faiblesses de l’époque et de mettre en avant nos projets de développement. Il nous a permis d’identifier notre point faible comme étant la partie commerciale et marketing, deux incontournables dans le développement de Wikeo, notre projet de l’époque.”

Le projet ReunIT (support à la gestion informatique), lui, a maturé tout au long du Boostacamp. Freddy Janssens: “Il y a eu un approfondissement en continu du projet. De par ses formations théoriques et les rencontres avec différents experts, le projet n’a cessé d’évoluer et à se préciser.”

 

Didier Delhez (projet QR de TaktIT: “Le projet est passé d’une idée nébuleuse à un business model précis, un timing précis de développement, une approche de la communauté différente…”.

 

Hit-parade

Les boostcampers ont par ailleurs apprécié un certain nombre d’autres aspects, qui sont représentatifs de la manière dont le MIC a jusqu’ici imaginé ses Boostcamp. Certains de ces éléments, toutefois, évolueront sans doute quelque peu en fonction de la nouvelle méthode à laquelle s’essaie le MIC cette année.

“Nous avons eu l’occasion de côtoyer d’autres porteurs de projets, tous complètement différents et à des stades d’évolution complètement différents”, souligne par exemple Vincent Sacré (Here Now & Management). “Il y a eu beaucoup d’échanges et beaucoup de supports très intéressants.”

 

Vincent Bultot (NearShop): “Je recommande de participer au Boostcamp à tout entrepreneur qui a déjà un certain degré de maturité dans son projet, certainement avant de créer sa start-up !”

 

Ont également été particulièrement appréciés la diversité des formations proposées et, par-dessus tout, les rencontres d’expert. “Leurs conseils, avis, mises en relations sont des apports inestimables pour une entreprise. La plupart des porteurs de projets sont des techniciens, véritables spécialistes de l’IT. Or, ces compétences à elles seules ne suffisent pas !”, souligne par exemple Olivier Madant, co-initiateur du projet Learnence (vidéo Web à finalité de formation et information didactique).

Ils en veulent plus…

Plusieurs des “anciens” contactés ont émis certains désidératas qui sonnent comme autant de regrets par rapport à ce qu’ils auraient espéré pouvoir exploiter lors de leur Boostcamp. Quelques exemples?

  • Vincent Sacré (projet 4Up): pouvoir rencontrer “plus de gens qui puissent donner des conseils pratiques et la mise en place d’actions concrètes de co-développement entre les entrepreneurs.”
  • Romain Carlier (ReakLab): “un suivi plus long et une interaction one-on-one mieux élaborée. Mais ces deux points ont été améliorés depuis le Boostcamp auquel nous avons participés.”
  • Freddy Janssens (ReunIT) aurait, lui, désiré davantage de temps: “en fin de Bootscamp, il restait encore beaucoup d’inconnues. Une prolongation aurait été profitable. De plus, j’aurais souhaité un accompagnement encore plus ciblé et un étalement dans le temps. Comme par exemple, avoir, pendant un an, une fois par mois, une entrevue avec des experts bien déterminés selon l’évolution et besoins de l’entreprise.”
  • Le sentiment d’un exercice trop court se retrouve aussi dans la bouche de Xavier Rouby et de Séverine Ovyn (Pfease): “certaines informations techniques, trop nombreuses, ont été dispensées en un temps très court, sans pouvoir profiter d’une bibliothèque structurée d’informations écrites complémentaires. Par exemple sur les aides publiques en Wallonie ou en Belgique, ce qui est inhérent à la complexité du système. Un bon support de type forum/wiki aurait, à cet égard, été très complémentaire. Le rythme très soutenu ne nous a parfois pas permis de profiter au maximum des activités du boostcamp, dans la mesure où, pendant ce temps, il fallait bien continuer à faire tourner la boîte !”

Il sera intéressant de voir si la nouvelle méthode imaginée par le MIC et mise en oeuvre cette année permet de mieux satisfaire ce genre d’attente.

“Si vous aviez un souhait, une critique à émettre…”

Pour Vincent Sacré (projet 4Up), ce serait de “trouver des intervenants qui puissent donner des conseils pratiques moins génériques.”

Aux yeux de Vincent Bultot (NearShop), “il manque aujourd’hui un “tremplin” qui permet de concrétiser la création d’une entreprise jusqu’à la phase commerciale. A noter que la start-up a introduit un dossier pour le programme Dragon), “un programme très intéressant pour accélérer une première phase commerciale.”

Pour les deux co-fondateurs de Pfease, comme on l’a vu, ce serait qu’une “véritable plate-forme web d’échange d’informations soit mise en place pour les participants (forum, wiki, agenda, répertoire des présentations, etc).” Et pour ReunIT, des entrevues régulières avec des experts dont les conseils correspondraient aux besoins spécifiques qui se font jour au fil du développement de la société (ou du projet). Ce suivi “post-Boostcamp” est également souhaité par Axel Timmermans (e-Vault, projet de coffre-fort virtuel sécurisé pour objets de valeur, projet rebaptisé entre-temps ObjectisBank). Son souhait: “un suivi de chaque projet par un “parrain”, au départ du boostcamp et après.” Il va même plus loin dans la demande d’accompagnement. Il imagine en effet qu’il pourrait y avoir “mise en commun d’un pool commercial qui ferait la promotion, communiquerait et vendrait, via un team dédié, toutes les solutions issues avec succès des boostcamps. Avec effet de réseau et de référence.”

Le tout est de savoir dans quel contexte ce “pool commercial” pourrait se mettre en oeuvre. La chose semble difficile à imaginer, non seulement parce que cela dépasse largement la “mission” du MIC et que, même si ce dernier ne devait pas être directement impliqué, la grande variété de projets qui passent par les boostcamps implique des compétences, positionnements et approches commerciales tout aussi variés.

Quoi qu’il en soit cette proposition est symptomatique du fait que les boostcampers ont encore de nombreux besoins à la sortie des boostcamps. En fait, la vie et l’aventure, pour eux, ne font que commencer.

Les choses dont les ex-boostcampers ont besoin, dans les mois qui suivent cette expérience? Elles sont largement communes à tous: des compétences en vente et approche commerciale, en ce compris et peut-être surtout à l’international, des partenaires ou investisseurs privés pour accélérer l’expansion, des ressources humaines supplémentaires, souvent pour renforcer l’équipe commerciale mais aussi en termes d’informaticiens “à haute valeur ajoutée.” Les talents, toujours les talents…

 

Ils ont répondu à notre questionnaire:
  • Vincent Bultot (NearShop)
  • Romain Carlier (ReakLab)
  • Didier Delhez (TaktIT)
  • Michael Finlan (ToolkitSoft)
  • Freddy Janssens (ReunIT)
  • Olivier Madant (Learnence)
  • Benoît Naveau (Promedic)
  • Xavier Rouby, Séverine Ovyn (Pfease)
  • Vincent Sacré (Here Now & Management)
  • Germain Saval (Conf&TI)
  • Axel Timmermans (eVault)