PReCISE: lier la recherche au concret

Portrait
Par · 23/05/2012

PReCISE est l’un des centres de recherche des Facultés universitaires de Namur (FUNDP). Sa spécialité: l’ingénierie informatique et la gestion des systèmes d’information évolués.

Une quarantaine de chercheurs y sont actuellement attachés, balayant un large éventail de domaines de recherche: depuis les bases de données jusqu’à la gestion et le contrôle de qualité, en passant par le service engineering, le model-driven engineering, le vaste domaine de la sécurité informatique, ou encore l’évolution des systèmes. Les travaux concernent à la fois la recherche fondamentale et la recherche appliquée. Et ce dernier volet est loin d’être anecdotique puisque l’une des missions du centre est de promouvoir l’application des travaux et des résultats de la recherche dans l’industrie et la réalité économique.
La collaboration avec l’industrie se fait souvent au travers de programmes structurés ou structurels, qu’ils soient placés sous l’égide de l’Europe (Programmes-Cadre FP6 et 7, Feder…) ou régionaux (Plan Marshall, projets First Enterprise…) ou qu’ils correspondent à des partenariats privé-public. Des liens étroits de collaboration ont également été tissés avec le CETIC, à Gosselies, notamment dans le cadre de projets Feder pour lesquels le centre PReCISE intervient en sous-traitance du CETIC.
Le lien avec la réalité de terrain et les besoins des entreprises se fait également au travers des stages d’étudiants qui travaillent, un semestre durant, en entreprise au cours de leur deuxième master. Il s’agit généralement de sociétés bien connues des FUNDP et avec lesquelles le promoteur de stage a préalablement vérifié l’adéquation de la problématique sur laquelle planchera l’étudiant. Le sujet choisi devra par exemple impérativement déboucher sur un mémoire. Ce qui suppose une valeur manifeste en termes de recherche ou d’innovation.

Sur la quarantaine de chercheurs, une dizaine sont des chercheurs senior, en l’occurrence des post-doctorants, dont certains viennent de l’étranger, et qui ont, pour beaucoup, des profils pluridiciplinaires. Il n’est pas rare en effet d’y trouver des chercheurs venus à l’origine d’autres disciplines ou ayant multiplié les domaines d’expertise. C’est ainsi que des croisements se font entre sciences informatiques et économie, philosophie, physique… En cela, souligne Philippe Thiran, président du centre de recherche et professeur à la Faculté de science informatique des Fac’ (web et service engineering), le centre est le reflet de l’une des caractéristiques majeures de l’enseignement informatique dispensé aux FUNDP.

Les chercheurs junior sont des porteurs de thèse de doctorat, recrutés après les masters. Là encore, on dénombre une certaine proportion de chercheurs étrangers (25% environ), “attirés par la qualité et la réputation que s’est faite le centre dans le domaine du software engineering.”

“First Spin-Off”

Les Fac de Namur et le centre PReCISE avaient déjà été à l’origine de deux spin-offs par le passé. La première, Rever, s’est spécialisée dans le développement de méthodes, produits et services permettant de cartographier et de documenter les systèmes d’information afin d’en garder la maîtrise lors d’évolutions majeures (fusion de systèmes, portage de code, migrations de bases de données, transformation en mode services…). La seconde, Archimède (Association pour la ReCHerche en Informatique MEDicalE), commercialise un système expert de consultation et de recherche d’un médicament basé sur les répertoires et les matières médicales homéopathiques.
Aujourd’hui, deux autres projets se développent dans l’enceinte des Facultés, dans l’espoir de prendre leur indépendance à court terme. Le premier, baptisé Conf&TI, a été initié par le Professeur Patrick Heymans. Objectif: développer un système performant de personnalisation automatique de programmes informatiques.
Le second, piloté par le Professeur Stéphane Faulkner, vise le développement de “conseillers virtuels”, à savoir des systèmes automatisés d’aide à la décision qui s’appuient sur le “comportement” de l’utilisateur pour générer des recommandations décisionnelles.
Tous deux relèvent du programme First Spin-off. “Les projets First Spin-off correspondent à un moment de maturité dans un processus de recherche”, explique Bernard Detrembleur, TTO (Technology Transfer Officer) au sein de la Cellule Projets & Financements de la Recherche, qui s’occupe donc, à ce titre, des transferts technologiques entre université et industrie et assure la coordination administrative des activités de recherche.
“Il arrive en effet un moment dans ce processus où on se dit: on peut valoriser ce résultat. Mais la première barrière est de trouver le porteur de projet ad hoc, qui ne sera pas – ou rarement – l’académique. Il faut en effet quelqu’un qui soit capable de faire évoluer techniquement un produit souvent complexe et, en parallèle, de mener le développement d’une politique commerciale, qui soit capable de gérer une -entreprise et une équipe. On en trouve mais ils sont rares. Pour un chercheur, le frein est en effet la sécurité. A cet égard, le programme First Spin-off lui procure deux ans de sécurité puisqu’il reste au sein de la Fac.”
Les chercheurs sont en quelque sorte sanctuarisés pendant cette période de deux ans. De quoi créer un petit cocon, certes challenging, qui leur permet de développer leur projet sans quitter l’enceinte rassurante de l’univers académique- et les ressources qu’il procure.

Chercheur deviendra entrepreneur

Il n’en reste pas moins qu’il lui faudra développer certaines qualités et/ou compétences nouvelles qui ne sont pas forcément celles d’un chercheur ne sont pas forcément. A savoir, celles d’un chef d’entreprise. En la matière, le centre PReCISE a l’avantage de faire partie des FUNDP qui entretiennent des rapports privilégiés avec le BEP (Bureau Economique de la Province de Namur) où ces chercheurs peuvent trouver des formations ad hoc (finances, marketing, commerce, administration d’entreprise). Certains vont également chercher des formations, techniques ou commerciales, du côté du Microsoft Innovation Center de Mons (Conf&TI a par exemple participé à l’un des Boostcamps montois). Les porteurs de projet qui évoluent dans le cadre du programme First Spin-off demeurent toutefois demandeurs d’accompagnement entrepreneurial.
“A cet égard, souligne Detrembleur, la perspective d’évoluer vers des schémas de paires, où chercheur et entrepreneur forment des duos liés dans un même objectif, est intéressante. Une politique d’accompagnement et d’incitation allant dans ce sens doit encore convaincre, en ce compris du côté des autorités publiques. Petit appel du pied du centre PReCISE afin qu’une initiative de ce genre prenne forme.