DIV Dragon: pour les PME hi-tech en quête de second souffle

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Par · 19/05/2012
En 2011, le duo Microsoft Innovation Center (Mons) et Eurogreen IT inaugurait un programme d’aide à la croissance pour start-up IT wallonnes “à fort potentiel”. Formule choisie: programme d’accompagnement et mise à disposition d’un coach pour une durée d’un an. Sa mission: aider l’entreprise à définir un plan d’actions et l’aider dans le développement de ses activités.

Le programme DIV (Digital Innovation Valley) Dragon a pour mission d’aider, chaque année, 12 “jeunes pousses” à franchir un écueil dans leur jeune existence. Il vise en effet les jeunes PME et start-up wallonnes actives dans les domaines de l’ICT et/ou des technologies environnementales qui présentent un “fort potentiel” mais dont le parcours nécessite un coup de pouce ponctuel. L’enveloppe de subsides confiée par la Région au duo MIC/Eurogreen IT est de 500.000 euros dont la moitié est affectée à la rémunération des coachs ou interim managers. La société coachée, elle, participe à cette rémunération à hauteur de 150 euros par jour. Auxquels s’ajoutent, en fin de programme, un bonus dont l’importance dépendra du degré de réussite de l’accompagnement.

Chaînon manquant

DIV Dragon se positionne à la charnière entre les vrais débuts d’une start-up et la phase à partir de laquelle elle peut raisonnablement espérer pouvoir séduire des capital-risqueurs ou des business angels. “Nous aidons les sociétés à franchir un cap important qui les propulse vers un nouveau niveau de revenus. La période difficile, où les sociétés ne trouvent pas sur le marché une aide extérieure adaptée à leurs besoins, correspond souvent à la phase pendant laquelle la croissance est souvent difficile, où leur chiffre d’affaires se situe entre 100 et 500 ou 600.000 euros et où leurs effectifs oscillent entre 2 et 6 collaborateurs. même s’il n’y a pas réellement de règle en la matière”, déclare Ben Piquard, directeur du MIC de Mons. “L’objectif du programme Dragon est de servir d’accélérateur par rapport à une problématique qui freine une jeune société dans sa progression et, ainsi de la stabiliser et de favoriser la création de nouveaux emplois. Pour franchir ce cap difficile, une société a besoin d’un ensemble de compétences- en matière commerciale, stratégique, technologique, marketing, de gestion de ressources humaines… Le nouveau patron ne peut pas être excellent dans chacun de ces domaines. Résultat: dans 80% des cas, la société progresse à la vitesse qui correspond à sa compétence la plus faible. Il lui faut donc pouvoir s’appuyer sur le spécialiste qui comblera cette lacune.”

Le but est donc de pallier à un obstacle, de mettre en oeuvre les bases d’un développement stable à long terme. Le coach – ou manager intérim – mis à disposition sera donc spécialisé dans la problématique qui pose spécifiquement un problème à la société, qu’il soit d’ordre managérial, technologique, financier ou autre. L’aide peut donc se focaliser sur une sensibilisation au problème de propriété intellectuelle, une consultance pour la pénétration d’un marché étranger, … Le programme prévoit une assistance à raison d’une demi-journée par semaine (aménageable en fonction de chaque situation), pendant un an.

N’est pas candidat qui veut

Pour espérer bénéficier du programme DIV Dragon, une société doit remplir un certain nombre de conditions. La société doit être établie en Wallonie et être active dans le secteur de l’ICT et/ou du développement durable. Logique si l’on se rappelle que le budget du programme est assuré par la Région et que les deux pilites en sont le MIC et EurogreenIT.

Mais d’autres éléments entrent également en ligne de compte. Par exemple, avoir déjà une idée précise de son plan de croissance, qui doit reposer sur un projet et des critères bien structurés. Le produit ou le service doit déjà avoir atteint une certaine maturité: “pas question pour le programme DIV Dragon de servir à une refonte de prototype”. La société doit également donner toutes les assurances qu’elle saura intégrer le coach à sa propre équipe et accepter les conseils qu’il prodiguera. Cela peut paraître évident ou naturel mais l’expérience a déjà appris que cette “ouverture” n’est pas forcément une prédisposition naturelle dans le chef de certains porteurs de projets. Une start-up qui avait été sélectionnée lors du premier appel à projet n’a pas été au bout de l’aventure. Notamment parce que ses aspirations ou attentes ne cadraient pas avec le principe-même et les exigences du programme (le patron de la jeune pousse voyait plutôt dans son coach un simple renfort commercial) et parce que le courant n’est jamais réellement passé entre le coach et le porteur de projet.

Le choix d’un coach est un processus qui se joue à deux. Voire à trois. Le comité de directeur et de sélection (MIC/EurogreenIT) pré-identifie un certain nombre de coachs potentiels. S’en suit une séance de speed dating où les porteurs de projets présentent leur dossier devant le panel. Les coachs pointent celui pour lequel ils se sentent les mieux à même d’intervenir, le signalent au comité qui organise une seconde rencontre entre le porteur de projet et les coachs potentiels. Le choix, alors, revient au porteur de projet.

Un accompagnement encadré

Pour optimiser les chances de succès, chaque société bénéficiant du programme DIV Dragon est responsabilisée. Et cela commence par un “contrat d’accompagnement”, avec définition claire des objectifs qualitatifs à atteindre, plan d’actions, problématique à résoudre…  Les objectifs ainsi définis serviront de critères de vérification des progrès accomplis.

Il ne suffit pas qu’une société candidate décline son besoin et dise avoir besoin de tel type de coach. Une phase préliminaire de “due diligence” permet de vérifier la justesse de cette demande: “une sorte de speed dating permet d’identifier le coach qui peut aider l’entreprise en fonction de sa problématique réelle”, explique Stéphanie Thirion, projet manager du programme Dragons. “Et ce n’est pas forcément celle qu’elle croyait avoir…”.

Le coach ou interim manager doit, lui aussi, prendre un engagement clair et s’impliquer réellement dans sa mission : “il agit de manière proactive, va plus loin qu’un simple conseil brut. Il s’investit dans les décisions afin d’atteindre les objectifs fixés”. Au besoin, il s’entoure lui-même d’experts dans les problématiques rencontrées par la société et doit remettre un rapport trimestriel, “circonstancié”, au comité de direction du programme DIV Dragon.

L’expérience acquise lors du premier appel à projet a permis de préciser ou de réorienter certains principes. Ainsi a-t-il été constaté que, pour être plus efficace, le coach “devait avoir une meilleure visibilité, dès le départ, sur les dossiers en cours au sein de l’entreprise à accompagner, afin qu’il puisse mieux se préparer à sa mission et que le comité de sélection puisse lui-même mieux déterminer quel coach conviendrait le mieux.”

Rémunérer selon l’efficacité démontrée

Originalité du programme: les coachs sont ”incentivés”. En clair: le niveau de leur rémunération est en partie déterminée par les résultats obtenus par la société qu’ils assistent. “Cela a l’avantage d’inciter à la proactivité et à l’inventivité”, souligne Stéphanie Thirion. Au-delà du tarif de base convenu, la PME s’engage à reverser une rémunération complémentaire, dont l’importance dépendra du degré de réalisation des objectifs fixés au départ. Autre possibilité: le versement d’un pourcentage du chiffre d’affaires de la société. “Pour ce qui est de la rémunération variable, il n’y a pas réellement de règle. Les deux parties peuvent se mettre librement d’accord sur la formule à adopter.”

2ème appel à candidatures

Le dépôt des dossiers de candidature pour le deuxième appel à projet s’est clôturé en mars.
Quatre sociétés ont été sélectionnées: Djengo (solution Internet de gestion de covoiturage), The Smart Company (éditeur d’applications Web d’optimisation de paramètres opérationnels- finances, productivité, empreinte CO₂, consommation d’énergie…), Blei (technologies innovantes pour réduction des factures énergétiques) et i Love Climbing (plate-forme multimédia de diffusion  d’informations dédiées à l’outdoor et à la “grimpe” sous toutes ses formes- escalade indoor et outdoor, escalade sportive, cascade de glace, alpinisme…).